L’économie mondiale a retrouvé une croissance de +5% l’an au troisième trimestre 2010, effaçant une chute du PIB de ‑0,9% en 2009. Finalement la crise a peu affecté les pays émergents. L’Amérique latine et l’Asie émergente, malgré une inflexion de la croissance, ont retrouvé un rythme d’expansion annuelle de, respectivement, +5,2% et +8,7%. Aussi, les prix des produits de base ont stoppé leur repli et les cours du Brent sont repassés au–dessus de la ligne des 90 dollars. Dans les pays développés, la reprise économique est plus lente que prévu. Les pays de l’OCDE avancent au taux de +2,7% l’an, même si aujourd’hui ces pays sont touchés par des déséquilibres qui divisent l’Europe entre pays industrialisés et pays dits « périphériques », relançant le débat sur la viabilité de l’Union monétaire.
Les instituts de conjoncture (Coe–Rexecode et Bipe) ont présenté récemment leurs hypothèses de croissance pour 2011 et les premières perspectives pour 2012. Le Bipe considère que la reprise se poursuit dans un contexte de risques toujours élevés. Aussi l’année 2011 serait caractérisée par une poursuite de la reprise dans les grands pays de la zone €uro et aux États-Unis, mais à un rythme inférieur à la croissance de 2010. L’expansion mondiale se maintiendrait aux alentours de +4 % en 2011 et 2012 après +4,4 % en 2010. Une croissance plus soutenue est possible si les investissements, très faibles aujourd’hui, repartent plus rapidement. A l’inverse, une rechute ne peut être exclue tant que la situation financière n’est pas stabilisée. Les banques centrales continueront un rôle déterminant. Les taux directeurs devraient demeurer à leurs faibles niveaux actuels, et ce jusqu’en 2012. Coe-Rexecode maintient un scénario d’entrée de l’économie mondiale dans une période de « convalescence », ce qui ne signifie pas une rechute de la croissance (+3,9% en 2011 et +4,1% en 2012). Cet institut fait le pari que les économies émergentes parviendront à tempérer les pressions inflationnistes qui les gagnent, que la politique américaine atteindrait son double objectif de résorption graduelle du taux de chômage et de maîtrise de l’inflation et privilégie sur le plan européen un « débouclage macroéconomique » de la crise des finances publiques.
Aux États-Unis, la croissance a été révisée à la hausse au troisième trimestre de +2% à +2,5% l’an et les derniers comptes des ménages et des entreprises incitent à croire à la poursuite de la reprise. Le taux de marge des sociétés non financières a retrouvé un haut niveau et la rentabilité brute du capital productif, qui ressort à près de 10% est passée au–dessus de sa moyenne de long terme (1973-2008) de 7,8%. Aussi, la reprise de l’investissement productif devrait se poursuivre et faciliter une ré-accélération des créations d’emploi.
Source : Board of Governors of the Federal Reserve System
Actuellement, le chômage ne faiblit pas, mais les directeurs d’achat dans le secteur non manufacturier entrevoient une franche amélioration à venir de l’embauche. En revanche, le déficit en matière de construction neuve s’accroît. Les permis de construire sont stables au niveau historiquement bas de 550.000 l’an, bien inférieur au niveau jugé normal qui se situe à environ 1,5 million en rythme annualisé. Par ailleurs, le déficit des comptes publics reste à 10,4% du PIB et le déficit extérieur ressort à 3,7% du PIB au troisième trimestre. Le reflux des anticipations inflationnistes conforte la politique monétaire laxiste de la Fed. L’inflation sous-jacente ressort à 0,6% sur un an en octobre et à 0,2% l’an sur les trois derniers mois.