MONDE : L’appel du large

Par | 28 mai 2013

La dégradation du climat des affaires en Europe inquiète les marchés, qui en tirent cependant des motifs d’espoir, car cette nouvelle déception, qui a conduit la Banque centrale européenne à abaisser son taux d’intérêt directeur, encouragera les gouvernements européens à atténuer les politiques de rigueur budgétaire. À côté de cette attente hypothétique, les économies émergentes offrent de réelles opportunités aux industriels européens. Selon le FMI, leur croissance ressortirait à +5,3% cette année et à +5,7% en 2014, rythme qui correspond à un doublement de la production en treize ans.

Le monde émergent n’est pas homogène. L’Asie resterait la région la plus dynamique avec une croissance moyenne de +7,2%, La Chine se situant à +7,8%. Ces dernières semaines, des craintes de ralentissement chinois sont apparues. Elles paraissent à ce jour exagérées. En outre, un ralentissement ordonné n’aurait pas que des inconvénients, il serait au contraire favorable aux importateurs de matières premières. Il ne signifierait pas la fin du dynamisme asiatique, qui repose sur d’autres piliers, par exemple sur l’Indonésie. Le principal objet d’inquiétude demeure l’Inde, dont le développement s’est ralenti ces derniers trimestres.

Aux États-Unis, selon une première estimation, le PIB américain a progressé de +2,5% l’an au premier trimestre 2013 en regard de +0,4% pendant les trois derniers mois de l’an dernier. Les derniers indicateurs mensuels publiés ne sont pas rassurants. L’indice des directeurs d’achat du secteur manufacturier, qui s’était redressé en janvier-février, a nettement fléchi ces deux derniers mois. Il dépasse à peine la ligne des 50, qui sépare expansion et récession. L’enjeu est la transformation de la reprise actuelle en croissance auto-entretenue. Les acquis de la reprise des dernières années, qui contraste avec la dépression européenne, sont significatifs. Ainsi la production industrielle est en passe de retrouver son point haut antérieur de fin 2007. Cette performance s’explique notamment par le spectaculaire redressement du marché automobile. Les immatriculations de voitures particulières et de camions légers sont en effet remontées au-dessus de 15 millions par an en regard d’un creux de 10 millions en 2009. Les niveaux records du milieu des années 2000 ne sont plus très éloignés. Les ventes de détail, quant à elles, dépassent leur sommet de 2007.


Source : Institute of Supply Management – en bleu : secteurs manufacturiers – en rouge : secteurs non manufacturiers.

Les freins à la reprise sont l’assainissement budgétaire et le niveau encore élevé du chômage. Le déficit de 8% du PIB est tout à fait insupportable au moment où la dette publique équivaut au PIB. La solution ne peut venir que d’un compromis durable entre le Président et la majorité républicaine de la Chambre des représentants. La solidité du redressement de l’emploi est la deuxième inconnue. La confiance des ménages et donc leur envie de dépenser reviendront seulement quand des créations mensuelles d’emplois de l’ordre de 300.000 deviendront régulières.

Au Japon, les autorités sont fermement décidées à enrayer la déflation à l’œuvre dans le pays depuis une quinzaine d’années. Les mesures d’assouplissement quantitatif entraînent une très forte dépréciation de la devise après que les exportations ont décroché de plus de -10% depuis le printemps 2012. L’indice Tankan du climat des affaires s’est à peine redressé au premier trimestre (-8 après -9 au quatrième trimestre) en raison du pessimisme des chefs d’entreprise du secteur industriel.

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