FRANCE : Déprime

Par | 28 mai 2013

La France est entrée dans un cycle récessif. Au premier trimestre 2013, le PIB en volume a reculé pour le deuxième trimestre consécutif de -0,65% l’an. Ce résultat est en ligne avec l’indicateur avancé du Crédit Mutuel qui ne laisse pas entrevoir de reprise de l’activité à court terme, mais ne projette pas non plus de forte détérioration. Dans une France en récession, les entreprises, comme les ménages, peinent à retrouver la confiance.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel.

Les dépenses d’investissement des entreprises se sont contractées au rythme de -3,2% l’an au premier trimestre, après une baisse de -1,2% en 2012 du fait de la faiblesse de la demande interne, de l’ampleur du choc fiscal et de performances à l’exportation insuffisantes. Si la production totale de biens et services est au point mort, la production industrielle s’est contractée de -0,9% en mars et la production manufacturière de -1%. En un an, l’appareil productif français a perdu -3,2% de son activité. Cette tendance baissière devrait se prolonger, étant donné les carnets de commandes, très inférieurs à leur niveau de long terme.

Le climat des affaires mesuré par l’Insee, qui s’était stabilisé fin 2012-début 2013, est ensuite reparti à la baisse. En avril, il ressort à 84, au plus bas depuis l’été 2009, un creux de 71 ayant été touché au printemps de la même année. La dégradation concerne tous les secteurs de l’économie, notamment les services où le recul du résultat d’exploitation et des effectifs devrait s’accentuer ces prochains mois. Dans l’industrie, l’indice cède trois points par rapport à mars (88) en raison de la dégradation des perspectives générales d’activité et de la rechute des carnets de commandes. Enfin, le climat des affaires ne varie guère depuis l’été dernier dans le bâtiment (94), demeurant à peine au-dessus du creux touché il y a près de quatre ans.

Le déficit commercial, malgré un repli limité à 4,7 milliards d’€uros en mars, demeure à environ 60 milliards d’€uros l’an. Le recul des exportations s’accentue.

Les entreprises manquent de rentabilité. Leur taux de marge est tombé à 27,9% en 2012, son plus bas niveau depuis 1985, sachant qu’il était en moyenne de 30% de 2001 à 2011, contre 39% pour la moyenne de la zone €uro. La faiblesse des marges est due en partie au coût du travail salarial qui est trop élevé par rapport aux pays concurrents.

Du côté des ménages, la consommation en biens manufacturés a augmenté de +1,2% en mars, après avoir reculé de -0,5% en février et de -1,5% en janvier. Cette augmentation est plutôt un mouvement conjoncturel qu’un signal de reprise, puisqu’elle est principalement imputable au rebond des achats alimentaires. Les perspectives d’évolution de la situation financière personnelle des ménages restent très négatives, les incitant à privilégier la prudence.

La demande de logements a chuté du fait de la dégradation de l’environnement économique qui s’est accompagnée d’une réduction du pouvoir d’achat des ménages (-0,9% en 2012). Certes, la contrainte de solvabilité est allégée par la baisse historique des taux d’intérêt immobiliers, mais le financement bancaire devient plus sélectif, même si les prêts nouveaux aux ménages n’ont pas ralenti en mars. Depuis le début 2012, une phase de baisse des prix immobiliers a débuté, mais l’ajustement serait progressif en raison de nombreux déterminants susceptibles de favoriser le mouvement opposé.


Source : Insee – En bleu : Industrie – En rouge : Construction – En vert : Commerces de détail – En noir : Services.

La Commission européenne a repoussé jusqu’à 2015 la cible de 3% de déficit public. L’objectif qui est désormais de 3,7% du PIB en 2013, suppose une progression de +1,4 point du poids des prélèvements obligatoires qui s’inscriraient à 46,3% en 2013 contre 44,9% en 2012. Ces objectifs seront difficiles à atteindre en l’absence d’une réaccélération de l’activité. Le contexte de ralentissement simultané de la demande intérieure et des prix à la consommation vient freiner les recettes de TVA. Par ailleurs, les recettes d’impôt sur le revenu et de TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sont également en retard. En revanche, les dépenses du budget général sont en hausse de +1,4% dès les deux premiers mois de 2013.

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