Au premier trimestre 2011, le PIB de la zone €uro a progressé de +0,8%, soit +2,5% l’an, moyenne recouvrant des résultats très disparates. Ainsi la croissance a atteint +1,5% en Allemagne et +1% en France, en regard de +0,3% en Espagne et +1% en Italie. La production grecque s’est redressée de +0,8% à l’issue d’une contraction de -10%, mais les marchés ne cessent de douter de la capacité du pays à faire face à ses engagements en matière de finances publiques: le 13 juin, Standard & Poor’s abaissait la note grecque à CCC, estimant que le pays pourrait restructurer sa dette d’une façon qui pourrait être assimilée à un défaut, ce qui constitue une menace sérieuse pour l’avenir de la monnaie unique. Les enjeux relèguent au second plan ceux liés à l’accélération de l’inflation. En mai, le glissement annuel des prix à la consommation a atteint +2,7%, sous le double effet de la flambée des cours de l’énergie et de la diffusion de la hausse des cours des matières premières. Le danger inflationniste ne doit cependant pas être exagéré, compte tenu de la modération salariale et les risques que ferait encourir une politique monétaire restrictive face à la politique du dollar faible menée par les États-Unis.
Source : Eurostat
En Allemagne, la croissance a fortement accéléré au premier trimestre 2011, affichant une progression de +1,5% sur trois mois, après +0,4% à la fin 2010. L’activité du pays a ainsi dépassé son niveau d’avant la récession. La demande intérieure a fortement contribué à ce résultat, portée par l’accroissement de la consommation des ménages (+0,4%) et surtout par le net redressement de l’investissement (+5%). Ce dernier a bénéficié du rebond des dépenses en construction (+6,2%), en contrecoup du recul du dernier trimestre 2010 dû aux mauvaises conditions climatiques, et d’une nouvelle hausse des achats de machines et équipements (+4,2%). En revanche, les variations de stocks ont contribué négativement à la croissance au premier trimestre (-0,4 point). Du côté du commerce extérieur, les exportations sont restées dynamiques en ce début d’année, augmentant de +2,3%. La progression de l’activité devrait néanmoins se modérer les mois suivants, comme le suggèrent les enquêtes. En effet, en mai, la composante des perspectives à six mois de l’indice Ifo recule pour le troisième mois consécutif, celle sur la situation courante restant orientée à la hausse. Au final, l’indice global se stabilise à un niveau qui reste proche de ses records. Le retour de l’inflation, qui a atteint +2,4% en glissement annuel en mai, devrait lui aussi peser sur l’activité pour le reste de l’année, d’autant plus que cette hausse n’est plus limitée à l’énergie et aux matières premières, comme en atteste l’accélération de l’inflation sous-jacente à +1,6%.
source : Institut für Wirtschaftsforschung
Le PIB de la Grèce s’est contracté de -4,3% en 2010, après un recul de -2,3% en 2009. L’indicateur a chuté de -19% entre le point haut de l’été 2008 et la fin 2010. Si le FMI ne formule pas de prévisions spécifiques pour ce pays, l’OCDE envisage, pour sa part, un nouveau recul de l’économie de –2,9% en 2011, tous les postes étant touchés à l’exception des exportations. La demande intérieure est très affectée par les mesures d’austérité prises par le gouvernement et la hausse du chômage. Sur un an, la consommation des ménages est ressortie en recul de -8,6%, en lien avec les hausses de taxes et les baisses de salaires dans le secteur public, et l’investissement a poursuivi sa chute (-19,4%). Le repli de la demande intérieure s’est traduit par une diminution des importations (-3,2%) tandis que les exportations se redressaient fortement (+12,8%). Le retour à la croissance observé au premier trimestre 2011 (+0,8% sur trois mois) semble précaire, cette dernière n’ayant certainement bénéficié que de l’amélioration du commerce extérieur. En effet, la production industrielle est restée orientée à la baisse en mars, s’inscrivant en recul de -8% sur un an. Elle est désormais inférieure de près de -20% à son niveau d’avant la crise. En revanche, les exportations de marchandises poursuivent leur redressement entamé à la mi-2010, affichant une progression de +23,6% sur un an et dépassant ainsi leurs records antérieurs. Enfin, la nouvelle hausse du taux de chômage en février, à 15,9%, et une inflation qui reste forte, à +3,9% sur un an, devraient continuer à peser sur la consommation.