Le rebond du PIB au premier trimestre (+3,9% l’an) ne fait pas une tendance. L’économie a dépassé un pic d’accélération et il est peu probable que les variations de stocks exercent à nouveau une contribution fortement positive à la croissance.
Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel
Dans leurs perspectives publiées entre la mi-mai et la mi-juin, l’OCDE estime que celle-ci devrait atteindre +2,2% cette année, puis +2,1% en 2012 tandis que le FMI envisage des performances un peu moins élevées, soit, respectivement, +2,1% en 2011 et +1,9% l’année prochaine. Les principaux soutiens seraient l’investissement des entreprises et la demande étrangère. L’OCDE commente les hypothèses qui sous-tendent ses projections en insistant tout particulièrement sur son jugement porté sur la situation des finances publiques : "Une reprise modeste est en cours, mais la récession laissera des traces durables.[…]. Le taux de chômage devrait baisser quelque peu, pour se rapprocher de 9% d’ici à la fin de 2012. L’importante marge de capacités inutilisées devrait limiter les éventuels effets de second tour liés à l’augmentation des prix à l’importation, alors que l’inflation sous-jacente et l’inflation totale devraient converger aux alentours de +1,5% en 2012. La trajectoire d’assainissement budgétaire suivie par les pouvoirs publics est appropriée mais de plus amples efforts seront nécessaires à moyen terme. Il faudrait s’attacher en priorité à contenir les dépenses en améliorant l’efficacité du secteur public et en limitant les coûts de la santé. Les recettes pourraient être accrues en élargissant les bases d’imposition et en relevant les taxes environnementales et les impôts sur la propriété. La crédibilité budgétaire doit aussi être renforcée grâce à une véritable réforme des institutions. Stimuler la production potentielle en s’attaquant aux faiblesses du marché du travail et en continuant à renforcer l’offre productive faciliterait la correction des déséquilibres budgétaires".
Les chefs d’entreprise estiment, par leurs réponses aux enquêtes de conjoncture, qu’ils sont sortis de la crise, mais la production industrielle tarde à réduire son recul par rapport à son point haut du début 2008 (‑9,5%). Par ailleurs, la balance commerciale affiche un déficit de 86 milliards d’€uros l’an, celle de d’Allemagne reste largement excédentaire (150 milliards d’€uros l’an). Les exportations, qui n’ont progressé que de +0,3% l’an sur les trois derniers mois, traduisent la dégradation de la compétitivité industrielle. Néanmoins, malgré une inflexion de la croissance et des perspectives de production, les industriels restent confiants, tout en surveillant l’inflation et en se plaignant des difficultés de recrutement. En mai, l’indice des prix à la consommation a augmenté de +0,1%, limitant sa hausse à +2% en glissement annuel. Le taux de chômage (hors DOM), qui s’établit à 9,2% au premier trimestre 2011, est en légère baisse par rapport au quatrième trimestre 2010. 58.200 emplois salariés ont été créés au cours du premier trimestre. Cette hausse est liée principalement à l’emploi marchand hors intérim et à une reprise dans la construction.
Source : Insee – Glissements annuels en %. En bleu : indice des prix à la consommation – en rouge : inflation sous-jacente.
Les dépenses publiques ont augmenté de +2,1% en 2010, rythme le plus faible depuis 1998. Les prestations et autres transferts (55,5% du total) se sont raffermies de +2,9% et les dépenses de fonctionnement (34,6%) de +3%. Dans le même temps, les intérêts (4,3%) ont progressé de +2,5% mais les investissements (5,6%) ont chuté de près de ‑10% en raison du contrecoup du plan de relance. De leur côté, les recettes se sont accrues de +3% grâce au rebond des impôts sur les sociétés, ne compensant toutefois pas la perte enregistrée en 2009 (-3,8%). Au total, le besoin de financement des administrations publiques est ressorti à près de 137 milliards d’€uros l’an passé, soit 7,1% du PIB. Dans ses perspectives de printemps publiées à la mi-mai, la Commission européenne anticipe que le déficit public français reviendrait à 5,8% cette année puis à 5,3% en 2012. Ces ratios demeureraient supérieurs à ceux enregistrés pour la moyenne de la zone €uro (déficit attendu à 4,3% en 2011 puis 3,5% en 2012), en raison notamment des bonnes performances de l’Allemagne, où le déficit ressortirait à 2% puis à 1,2%.