En France, le rythme de l’expansion au troisième trimestre (+1,4% l’an) a été peu différent de celui de la zone €uro (+1,5%), mais la structure de la croissance est préoccupante. Hors effet des stocks, la croissance économique est à peine positive (+0,2 point). Néanmoins, les signes d’hésitation apparus depuis le printemps dernier ne se sont pas amplifiés. L’indicateur du climat des affaires est stable en novembre, après deux mois de hausse sensible. Dans l’industrie, l’indice a reculé légèrement en novembre, tout en se situant à son niveau moyen de longue période, alors que les indices dans les services et dans le bâtiment connaissent une légère amélioration.
source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel
La croissance de l’économie française, qui est estimée à +1,6% en 2010, a retrouvé un rythme proche de sa tendance moyenne du passé. La production industrielle en octobre reste inférieure de près de ‑12% à son record d’avril 2008 et l’économie française reste freinée par ses échanges extérieurs. Pour 2011-2012, le Bipe anticipe une croissance molle accentuée par le plan de rigueur que la France doit engager sous la pression des marchés financiers et, indirectement, des partenaires européens de la France qui ont mis en place des plans de réduction de leurs déficits. Le PIB n’augmenterait ainsi que de +1,4%, puis de +1,5% au cours des deux prochains exercices. Le scénario du Coe-Rexecode retient pour sa part que les éléments de soutien (redressement des revenus d’activité, impulsion en provenance d’une demande interne allemande plus soutenue) l’emporteront sur les freins à l’activité (moindre impulsion monétaire, compétitivité érodée, faible croissance dans les économies du sud de l’Europe). Dans ce cas, la croissance du PIB pourrait s’accélérer à +1,7% en 2011, puis à +2% en 2012.
Les chefs d’entreprise, malgré des perspectives positives, restent prudents. L’appréciation des trésoreries d’exploitation est moins favorable en novembre qu’au début de l’été, mais la recherche de financements n’est plus considérée comme difficile. La reprise des crédits aux sociétés non financières se confirme en septembre (+1,1% et +2,4% en rythme trimestriel annualisé).
Malgré cette croissance sans rattrapage, les ménages sont plus confiants mais n’anticipent pas une amélioration du marché du travail, bien que le taux de chômage soit stable à 9,3% en France métropolitaine (2,6 millions de personnes). L’emploi salarié de l’ensemble des secteurs marchands et non marchands (hors agriculture, emploi public des secteurs non marchands et activités extraterritoriales) a progressé de +0,2% au troisième trimestre 2010, soit +0,7% en glissement annuel, selon la dernière estimation réalisée par l’Insee, poursuivant ainsi sa lente remontée entamée en début d’année. Ceci représente des créations nettes de 118.200 emplois salariés d’une fin d’été à l’autre. Les secteurs du tertiaire, dont l’intérim, ont fait plus que compenser les destructions opérées dans l’industrie (‑89.300) et le BTP (‑15.000).
Le marché immobilier résidentiel a connu un redressement en 2010, après une baisse qui a duré de mai 2007 à janvier 2009. Les transactions dans l’ancien ont quasiment retrouvé leur niveau d’avant-crise. Les prix, dont la baisse avait été limitée à moins de ‑10%, sont repartis à la hausse, démontrant l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande stimulée par des taux d’intérêt historiquement bas. Par ailleurs, la demande de logements neufs s’est fortement redressée. L’année pourrait se terminer avec des ventes proches de l’ancien record atteint en 2007. La tension entre l’offre et la demande explique l’envolée de +7% en un an des prix des appartements neufs.
Selon les prévisions de la Commission européenne, publiées le 29 novembre, le déficit des administrations publiques ressortirait à 7,7% cette année, 6,3% en 2011 et 5,8% en 2012. Le projet de loi de finances présenté en septembre retenait également un déficit de 7,7% pour 2010 et un ratio assez proche pour l’année prochaine (6%). En revanche, pour 2012, le gouvernement anticipe un déficit de 4,6% grâce à la poursuite de la maîtrise des dépenses et au redressement des recettes fiscales après la chute observée pendant la crise.