Dans la zone €uro, la croissance s’est poursuivie au troisième trimestre, même si le rythme a ralenti (+1,5% au taux annuel, après +3,9% au deuxième trimestre), mais une assez grande dispersion subsiste entre les différents pays. L’Allemagne a connu une progression de +2,8% l’an, alors que les pays dits « périphériques » peinent à s’extraire de la récession. Si le PIB espagnol s’est simplement stabilisé, la Grèce enregistre encore une sévère contraction de son PIB (-4,6% en un an). L’amélioration du climat des affaires ou de l’indice de confiance des ménages est due à l’Allemagne.
L’inflation sous-jacente reste également contenue (+1,1% en octobre sur douze mois et +1,7% l’an sur trois mois). Cependant, la hausse des taxes et le renchérissement des prix de l’énergie se traduisent par une hausse de l’ensemble des prix plus vive (+1,9% en un an fin novembre et +3,3% l’an sur trois mois) qui vient éroder le pouvoir d’achat.
Dans les pays dits « périphériques » les évolutions récentes diffèrent et les particularismes nationaux demeurent. Dans le cas de l’Irlande, il s’agit avant tout d’une crise bancaire qui a fait imploser les finances publiques. Le plan de soutien, décidé par l’Union européenne, est d’un montant de 85 milliards d’euros sur trois ans. En Grèce, le plan de soutien, qui était de 110 milliards d’euros, a eu pour origine les pertes de compétitivité et les vicissitudes budgétaires. Les évolutions conjoncturelles récentes diffèrent aussi. En Irlande, la production industrielle a dépassé l’été dernier son point haut d’avant la crise grâce au redémarrage des exportations. Au Portugal, la demande externe tire aussi l’activité, mais avec une intensité moindre qu’en Irlande. Surtout, la confiance des ménages se dégrade étant donné la montée du taux de chômage qui avoisine 11%. En Grèce, la diminution de la demande interne explique le nouveau recul du PIB au troisième trimestre. La Banque Centrale Européenne ne dispose que d’un seul taux nominal de sorte que si un processus de convergence réelle s’opère au sein de la zone, cela conduit à des taux d’intérêt réels distincts en fonction des trajectoires économiques nationales, conférant une impulsion de la politique monétaire de nature très différente selon les États membres. Il en est résulté des déséquilibres internes et externes. Sur le plan interne, attirés par des taux d’intérêt faibles, les ménages et les entreprises se sont beaucoup endettés dans les pays en rattrapage, comme en Espagne, alors qu’au contraire les agents économiques ont limité leurs recours à l’endettement outre-Rhin.
L’Allemagne avait créé la surprise en affichant une croissance exceptionnelle de +2,3% au printemps. Les résultats du troisième trimestre apparaissent donc en net ralentissement, mais restent bien orientés, confirmant la bonne santé de l’économie. Ainsi, le PIB a augmenté de +0,7% cet été, soutenu par l’ensemble des composantes de l’indicateur. Les exportations de biens et services ont progressé de +2,3% au troisième trimestre, bénéficiant du renforcement de la demande en Asie, au Moyen-Orient ou en Europe. Par conséquent, le niveau des exportations n’est plus inférieur que de ‑1,4% au point haut enregistré début 2008. L’investissement a quant à lui augmenté de +1,3%, porté par les dépenses en biens d’équipement (+3,7%), mais freiné par le recul dans la construction (‑0,4%) qui a subi une légère correction après le fort rebond observé au deuxième trimestre (+6,9%). Enfin, la consommation continue de progresser (+0,4%) et se rapproche de ses maxima de 2009. La bonne santé du marché du travail et les augmentations de salaires soutiennent la demande.
source : Institut für Wirtschaftsforschung
L’indice Ifo, qui mesure le climat des affaires, a établi un nouveau record en novembre, à 109,3 (contre 107,7 en octobre), ce qui pourrait laisser présager une croissance toujours soutenue au quatrième trimestre. Les composantes de perspectives à six mois et de situation courante se sont toutes deux redressées, à respectivement 106,3 et 112,3 (soit +1,1 et +2,1 points).
Pour 2011, le Coe-Rexecode envisage une croissance du PIB de la zone €uro de +1,7%, puis de +2% en 2012. Selon les hypothèses du BIPE, celle-ci ne pourrait s’établir qu’à +1,5% l’an prochain, et ne s’accélérer qu’à 1,6% l’année suivante.