En zone €uro, la reprise peine à se dessiner, mais la confiance économique a progressé en décembre pour le septième mois d’affilée. Les résultats de l’enquête de décembre dans l’industrie annoncent la poursuite du redressement de l’activité. Les perspectives de production sont au plus haut depuis 1976. La reprise de l’activité se poursuit donc, comme en témoigne l’accélération de la hausse des crédits bancaires. Les résultats nationaux sont toutefois de plus en plus hétérogènes. L’Allemagne et ses voisins proches font la course en tête, tandis que l’Europe du Sud, notamment l’Espagne, est à la peine. Les difficultés budgétaires et bancaires de l’Irlande et de la Grèce relancent périodiquement l’inquiétude des prêteurs.
Les conséquences sont lourdes pour les institutions européennes et la BCE. Ces dernières semaines, le Portugal subit la pression des marchés. La Banque Centrale n’a heureusement pas de soucis du côté de l’inflation. La hausse des prix à la consommation dans la zone a atteint +2,2% en décembre en raison de la hausse des cours de l’énergie et de l’alourdissement de la fiscalité indirecte, mais l’inflation sous-jacente reste limitée à +1,1%. La BCE devrait ainsi prolonger sa politique monétaire accommodante, en maintenant son taux de refinancement à 1%. Mais les taux d’intérêt à long terme des pays les mieux notés, qui sont encore à un niveau étonnamment bas, ne peuvent que progressivement augmenter, reflétant la reprise économique.
En Allemagne, la production industrielle a reculé de ‑0,7% en novembre. Cependant, cette évolution relève probablement d’un repli technique après la forte progression enregistrée en octobre (+3,1%). Ainsi, depuis le point bas d’avril 2009, elle s’est redressée de +21% et n’est plus inférieure que de ‑7,2% à son niveau d’avant-crise. L’industrie a bénéficié de la forte croissance des commandes qui lui sont adressées, du fait du dynamisme de la demande intérieure et étrangère. En effet, les exportations allemandes ont renoué avec leurs records du premier semestre 2008, progressant de +0,5% en novembre, et s’établissent aux alentours de 84 milliards d’euros. Par conséquent, le climat des affaires, représenté par l’indice Ifo, a continué de grimper en novembre, à 109,9 (+0,6 point), soit le niveau le plus élevé depuis la réunification du pays. Dans ces conditions, le nombre de personnes concernées par le chômage partiel poursuit son reflux pour s’établir à 220.000 en octobre, contre près de 1.500 000 au printemps 2009. Le taux de chômage, selon Eurostat, reste lui aussi orienté à la baisse et atteint des niveaux historiquement bas, à 6,7%. Cette amélioration du marché du travail permet de soutenir le moral des consommateurs, mesuré par l’indice Gfk. Celui-ci reste ainsi particulièrement élevé en janvier 2011, à 5,4, enregistrant cependant une légère baisse de ‑0,1 point par rapport au mois précédent.
source : Institut für Wirtschaftsforschung
En Espagne, le PIB s’est stabilisé au troisième trimestre après une progression modeste au premier semestre, demeurant inférieur de ‑4,5% à son niveau du début 2008. Les exportations de biens et services ont stagné tandis que les importations ont chuté, en liaison avec la morosité de la demande intérieure. La consommation a reculé de ‑1,1% pendant l’été après deux bons trimestres, en partie sous l’effet du relèvement du taux de TVA début juillet. En même temps, l’emploi continue de se contracter en ligne avec la baisse des effectifs dans les secteurs de la construction et, dans une moindre mesure, de l’industrie, alors que ceux des services marchands amorcent un léger rebond. Dans le secteur industriel, la production ne parvient pas à se redresser, de sorte qu’elle s’inscrit à ‑23% en deçà de son point haut du début 2008 contre ‑11,5% pour la moyenne des pays de la zone euro. Les enquêtes auprès des directeurs d’achat n’annoncent pas de véritable redémarrage de l’activité ces prochains mois : l’indice synthétique oscille entre 41,6 et 51,5 depuis le mois de mai dernier.
L’Estonie, qui a rejoint la zone €uro le 1er janvier, est son dix-septième membre. Le pays a connu en 2010 une reprise (+2,5%) tirée par la demande externe après un recul du PIB de ‑14% en 2009. La demande interne est fragile avec un taux de chômage élevé, une très lente progression des revenus et des difficultés d’accès au crédit.