FRANCE : Peu de potentiel de croissance

Par | 28 décembre 2012

La France a échappé à la récession au troisième trimestre, mais l’économie reste sans ressort. Le PIB en volume est estimé à +0,1% en 2012 et l’évolution récente de l’économie française n’exclut pas un retour dans une phase récessive d’ampleur limitée début 2013. Le climat des affaires est défavorable malgré un léger mieux permettant d’effacer le repli du mois précédent. L’industrie résiste, mais ne repart pas. Les carnets de commandes se sont un peu regarnis, mais sont jugés encore peu étoffés. Si les perspectives générales de production se redressent un peu, les entrepreneurs demeurent pessimistes sur leurs perspectives personnelles de production.

L’économie reste confrontée à une contraction de son niveau d’activité, une observation en cohérence avec la chute de la production industrielle (-6,5% l’an durant les trois derniers mois à fin octobre). L’indice se situe à -13,2% au-dessous de son plus haut du début 2008. Dans le secteur du commerce de détail généraliste, les intentions de commandes consolident leur rebond du mois précédent, en revanche les détaillants spécialisés restent pessimistes pour les prochains mois. L’enquête auprès des trésoriers des grandes entreprises ne révèle pas d’aggravation des trésoreries d’exploitation, mais un léger recul sur la trésorerie globale. Il n’y a pas de durcissement des conditions d’octroi des crédits par les banques.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel.

Dans ce contexte, l’indice de confiance des ménages est stable à un bas niveau. Les dépenses de consommation en produits manufacturés sont en repli de -1,6% l’an durant les trois derniers mois à fin octobre par rapport à leur niveau moyen des trois mois précédents. Les immatriculations de voitures ont à nouveau chuté en novembre de -6,4%. Elles s’affichent à 1,7 million en rythme annuel, au plus bas depuis le printemps 1997. L’emploi salarié dans les secteurs marchands a chuté de 41.700 postes au troisième trimestre. Le recul est très vif dans l’intérim (-31.300 postes). Aucun secteur n’échappe au recul des effectifs. Aussi, le chômage a augmenté de +1,5% en octobre, pour atteindre 3.103.300, son niveau le plus élevé depuis avril 1998. La hausse des prix à la consommation, qui est limitée à +1,4% en un an fin novembre, devrait se modérer à +1,5% en 2013 avant de s’accentuer à +2% en 2014 en relation avec la hausse programmée de la TVA.


Source : Insee.

Le projet de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) d’un montant de 20 milliards d’€uros sur 3 ans entraînerait une baisse moyenne du coût du travail de -2,9% d’après les calculs de Coe-Rexecode. Le CICE devrait s’appliquer à l’ensemble du secteur privé (entreprises imposées au bénéfice réel). Son montant sera calculé en proportion de la masse salariale brute des salariés dont le salaire est compris entre 1 et 2,5 SMIC. Les secteurs pour lesquels le CICE aurait l’impact le plus élevé en termes de réduction du coût salarial seraient les services aux particuliers, puis la construction et le commerce. A terme, l’industrie bénéficierait d’un allègement des charges sociales de -4,1 milliards d’€uros, la construction de -1,9 milliard et les services aux particuliers de -2,1 milliards.

Cette mesure serait financée par une diminution des dépenses publiques de 10 milliards d’€uros. En complément, la TVA augmentera le 1er janvier 2014. S’ajoute également une nouvelle mesure de fiscalité écologique. Mais un crédit d’impôt n’enclenche pas les mêmes mécanismes qu’une baisse des charges sociales, et ses effets macroéconomiques restent à apprécier. Le CICE pourrait constituer une barrière à la hausse des salaires autour de 2,5 SMIC. A ce niveau de rémunération, toute hausse de salaire se traduirait par une hausse disproportionnée du coût du travail.

Au jeu des décennies, les années 1983 (choc budgétaire), 1993, 2003 ont été décevantes pour l’expansion française. Aussi 2013, qui s’annonce avec peu de potentiel de croissance et de nombreux risques baissiers, ne devrait pas se singulariser. L’objectif gouvernemental d’une progression de l’activité de +0,8% est relativement optimiste, d’autant que les conjoncturistes voient même un retour dans une phase récessive d’ampleur limitée, après +0,1% de croissance en 2012. La France, sans réformes, ne pourra éviter une nouvelle dégradation par les agences de notation.

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