Le dynamisme des économies émergentes d’Asie se tempère. En Chine, la progression de l’activité industrielle est revenue sur un rythme plus soutenable et les exportations marquent le pas en fin de période. Celles-ci demeurent toutefois supérieures de 30% à celles de l’Allemagne, pays qui a lui aussi largement bénéficié du regain de la demande mondiale. En Inde, la production manufacturière est quasiment stabilisée depuis six mois, à l’issue d’un excellent exercice 2009. Ce ralentissement de l’expansion avait été souhaité pour contrer la montée en puissance de bulles internes (immobilier, surcapacités sectorielles) et externes (cours des matières premières). Toutefois, le décollage de ces économies, fondé pour une large part sur leur demande intérieure, reste un puissant moteur pour l’expansion mondiale.
Aux États-Unis, la croissance est moins robuste qu’anticipé. La progression du PIB au deuxième trimestre, évaluée dans un premier temps à +2,4% l’an, est finalement ressortie à +1,6%, en regard de +3,7% en début d’année et de +5% fin 2009.
Source : Board of Governors of the Federal Reserve System
Le ralentissement provient pour l’essentiel d’une évolution défavorable des échanges extérieurs. En effet, la demande intérieure a progressé à un rythme de +4,8% l’an, supérieur à ceux observés les trimestres précédents. Elle a été soutenue par une accentuation du restockage, une forte progression des investissements et un rebond des dépenses publiques à l’issue de deux trimestres de repli. En revanche, la progression de la consommation est restée modeste, à +1,9%, dans la ligne des trimestres précédents. La prudence des ménages s’explique par la faible augmentation des revenus après impôts, compte tenu de la modération des salaires et de l’absence de remontée franche de l’emploi. Les informations les plus récentes confirment le sentiment d’une hésitation conjoncturelle. L’indice des directeurs d’achat dans le secteur manufacturier, qui était monté à 60 en début d’année, est revenu vers 55. En revanche, l’indice du secteur des services est retombé à 51,5. Il dépasse néanmoins largement la barre des 50 qui sépare l’expansion de la récession.
La Réserve fédérale se montre soucieuse d’éviter toute prolongation de l’attentisme. C’est pourquoi, au-delà de la traditionnelle réaffirmation d’une politique de taux d’intérêt durablement expansionniste, la banque centrale a renoué symboliquement à la mi-août avec des achats de titres publics. Plus récemment, elle a laissé ouverte la voie à des « accommodements monétaires additionnels à travers de mesures non conventionnelles si nécessaire ». Les perspectives sont plus complexes encore pour la politique budgétaire. À moyen terme, une réduction sensible du déficit public est indispensable pour conserver la confiance des investisseurs, mais les hésitations conjoncturelles conduisent l’Administration à engager de nouvelles dépenses dans les infrastructures de transports.
Au Japon, la vive hausse des ventes à l’étranger observée jusqu’au printemps 2010 marque une pause. Dans ce contexte, les autorités s’inquiètent de la remontée de la devise vers 85 yens pour un dollar, parité la plus défavorable de ces dernières décennies à l’exception de 1995. Par ailleurs, des mesures de soutien à l’économie sont envisagées en dépit du niveau de la dette publique qui représente environ le double de la richesse nationale. D’un montant de 915 milliards de yens, environ 0,2 point de PIB, ce plan vise tout à la fois à contrer les effets négatifs de la déflation, à enrayer la hausse du yen et à relancer la consommation.