FRANCE : Le moteur extérieur freine la croissance

Par | 20 septembre 2010

L’économie française a mieux résisté à la crise que bon nombre de pays développés. Moins industrielle et moins dépendante des marchés étrangers que l’Allemagne, elle a donc moins souffert de la brutale contraction des échanges internationaux fin 2008-début 2009. L’activité dans le bâtiment s’est retournée, mais dans des proportions limitées en regard d’économies comme l’Espagne, où s’étaient développées de véritables bulles immobilières. Enfin, le faible endettement des Français a permis d’éviter une chute de la consommation. La reprise mondiale de l’activité, amorcée au printemps 2009, a changé progressivement la donne. Ainsi l’économie allemande bénéficie désormais du net redressement de la production dans les pays émergents où elle a fortement amélioré ses positions durant la dernière décennie. La France aura sans doute plus de mal à en tirer parti.

Le PIB s’est raffermi de +0,6% au printemps 2010 après +0,2% au premier trimestre. La croissance recouvre, d’une part, une moindre contraction des stocks (+0,6 point de contribution) et une hausse de la demande intérieure (+0,5 point), et, d’autre part, une dégradation du solde des échanges extérieurs (-0,4 point).

source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

Le ralentissement du déstockage a surtout été opéré dans les secteurs des biens intermédiaires et de consommation, alors que le mouvement s’est interrompu dans celui de l’automobile. Au total, le déstockage représente aujourd’hui 1,5% du PIB en regard de 2,8% à l’été 2009, ratio le plus important jamais observé par le passé.

Les investissements des entreprises non financières se sont accrus de +1,1% au printemps, tendance amenée à se poursuivre ces prochains trimestres selon les industriels interrogés par l’Insee. Il faut toutefois rappeler que la chute antérieure avait été si brutale que les dépenses d’équipement des entreprises demeurent inférieures de ‑11,6% à leur niveau d’avant la crise. De leur côté, les investissements des ménages ont cessé de refluer, mouvement qui était attendu en raison de la faiblesse des taux d’intérêt. Selon l’Observatoire des marchés résidentiels, ceux-ci sont tombés à moins de 3,4% en juillet dernier en regard de 5,15% il y a vingt mois, rejoignant quasiment les plus bas enregistrés à la fin 2005.


source : Insee – Glissements annuels en % en bleu : indice des prix à la consommation, en rouge : inflation sous-jacente

Le commerce extérieur a pénalisé l’activité en raison de la vigueur des importations. Celles-ci ont en effet gonflé de +4,2% au deuxième trimestre après +1,8% au premier, rythme parmi les plus élevés des dernières décennies. Dans le même temps, les exportations ont progressé de +2,7%, tirées par l’ensemble des branches à l’exception de l’automobile. Les statistiques douanières indiquent que les ventes françaises à destination du continent américain ont été particulièrement dynamiques (+12,8% en valeur au printemps), en ligne avec le retour d’une parité €uro-dollar plus favorable.

La consommation, qui s’était stabilisée pendant les trois premiers mois de 2010, a ensuite augmenté de +0,4%, en grande partie grâce à la bonne tenue des dépenses en services (+0,6%). En revanche, les achats d’automobiles ont une nouvelle fois diminué sous l’impact d’une prime à la casse moins incitative. En fait, les Français ont puisé dans leur épargne afin de maintenir leur consommation : le taux d’épargne financière, qui était monté à 7,6% de leurs revenus à l’été 2009, est revenu vers 6,6% au début 2010. Il reste légèrement supérieur à la moyenne observée au cours des dix dernières années.

En août 2010, l’indice des prix à la consommation est en hausse de +0,2%, après une baisse de ‑0,3% au mois de juillet. Sur un an, il augmente de +1,4%. Cette progression provient essentiellement de facteurs saisonniers liés à la fin des soldes d’été et aux prix des services. Toutefois, en glissement annuel, l’indicateur d’inflation sous-jacente ralentit de nouveau, de +0,8% en juillet 2010 à +0,6% en août 2010. Cette évolution n’est toutefois pas durable : c’est la conséquence de la baisse de la TVA dans la restauration de table intervenue le 1er juillet 2009, ainsi que l’avait prédit l’Insee (p 62) dans sa note de conjoncture du 17 juin dernier, cet indicateur étant calculé hors taxes.

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