EUROPE : L’Allemagne fait toujours la course en tête

Par | 21 octobre 2010

Dans la zone €uro, les résultats des enquêtes de conjoncture de septembre dans l’industrie sont favorables. Les perspectives de production s’améliorent, les carnets de commandes se garnissent et les stocks sont bas. Le taux de chômage est plafonné à 10,1%. La hausse des prix à la consommation en septembre a atteint +1,8% en un an, mais l’inflation sous–jacente reste stable autour de +1% l’an. L’indice de confiance des ménages augmente, ce qui est dû à l’indice allemand.

La monnaie européenne, qui évoluait autour de 1,20 dollar en juin dernier, a été propulsée dernièrement vers 1,40 dollar, encore loin du seuil historique à plus de 1,60 franchi le 15 juillet 2008. Cette situation est la résultante de statistiques plus favorables à la zone €uro, mais aussi de politiques des banques centrales américaine, britannique, suisse et japonaise. La devise européenne a, de part et d’autre, un dollar que la Fed encourage indirectement à baisser et un yen que les autorités monétaires japonaises tentent de faire revenir à un niveau plus faible, après son incursion à son niveau le plus élevé depuis 15 ans. Par ailleurs, la Banque d’Angleterre, en évoquant son intention de réactiver son programme d’assouplissement quantitatif, a fait baisser la livre sterling. Aussi, l’€uro a regagné le terrain perdu depuis le pic de la crise grecque cinq mois auparavant. Néanmoins, si la monnaie unique résiste au regain d’inquiétudes sur la dette souveraine, les incertitudes sur les perspectives de croissance hypothèquent le maintien de l’€uro sur une pente haussière solide.



source : Banque de France d’après la Banque Centrale Européenne, moyennes mensuelles sauf le dernier point qui correspond au cours de référence du 19 octobre 2010.

L’envolée de l’€uro complique aussi la stratégie de la Banque Centrale Européenne qui a maintenu le 7 octobre dernier son principal taux directeur au plancher historique de 1% et reconduit le dispositif d’urgence en faveur des banques. Or, si la tactique est de la compétence des banques centrales, la stratégie dépend des gouvernements. L’idée d’un nouveau système qui réduirait la domination du dollar au profit de monnaies alternatives a été évoquée, bien que fin 2009 le dollar représentait encore 62% des réserves des banques centrales dans le monde contre 27% pour l’€uro. La France, qui va présider le G20 à partir de novembre prochain, s’est fixé comme ambition de tenter de mettre fin aux désordres monétaires et de créer une structure de contrôle des fluctuations erratiques des taux de change. Mais les marges de manœuvre pour instituer un nouvel ordre monétaire sont étroites.

En Allemagne, le rebond de l’économie a été plus vigoureux qu’escompté, conduisant en moyenne à une prévision de croissance du PIB supérieure à +3% en 2010. L’emploi continue de croître et le taux de chômage de baisser (7,5%), passant sous son point d’avant la crise. Mais les économistes allemands sont partagés sur l’avenir de leur économie. Certains voient l’Allemagne comme moteur de la croissance en Europe, forte d’une base industrielle solide tournée vers l’exportation et d’un marché du travail réformé, d’autres se montrent plus prudents, évoquant qu’une partie de la croissante récente tient à un rattrapage après une récession d’une grande ampleur. Néanmoins, la forte hausse des commandes industrielles en août, qui ne concerne que les commandes à l’exportation, suggère que le mouvement va se poursuivre.


source : Institut für Wirtschaftsforschung

Le redressement de la production industrielle en août dans la zone €uro provient de l’Allemagne, mais aussi de l’Italie même si la reprise, tirée par les exportations, y est modeste. En revanche, l’économie espagnole peine à redémarrer comme le montrent les enquêtes dans l’industrie, la rechute des permis de construire des logements et la baisse des immatriculations de voitures. Les mesures d’austérité budgétaire du budget 2011 vont peser sur la demande interne déjà affaiblie par un taux de chômage qui culmine à plus de 20% de la population active. Au Royaume-Uni, la production industrielle a du mal à se redresser (+0,5% l’an sur les trois derniers mois). Le repli des prix de l’immobilier résidentiel en septembre (-3,6% sur août) est à surveiller. L’indice est encore en retrait de ‑19% sur son sommet d’août 2007.

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