FRANCE : Restaurer les finances publiques

Par | 21 octobre 2010

L’Insee prévoit une croissance de l’économie française de +1,6% en 2010, un chiffre qui se situe entre la prévision de COE-Rexecode (+1,7%) et celle du Bipe (+1,5%). Le rythme de croissance devrait fléchir en fin d’année. Le rebond intervenu au cours des derniers trimestres a reposé sur le redressement des échanges mondiaux, mais le mouvement d’appréciation de l’€uro par rapport aux autres monnaies ne peut que ralentir le rythme et conduire à une phase de croissance modeste sans rechute.

Les indicateurs du climat des affaires dans les services et l’industrie manufacturière ont peu évolué ces derniers mois et se maintiennent à un niveau proche de leur moyenne de long terme. La production manufacturière, ainsi que la production de l’ensemble de l’industrie, sont restées stables en août par rapport au mois précédent.


source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

Au cours des trois derniers mois, la production industrielle française stagne, alors qu’en Allemagne, elle augmente de +6,6% l’an et en Italie de +10,4% l’an. Mais les industriels font état de stocks bas, de carnets de commande qui se redressent et de perspectives de production en amélioration. Toutefois, le climat des affaires dans la construction, bien qu’encore inférieur à la normale, se redresse quelque peu depuis le début de l’année.

En septembre, les ménages étaient moins pessimistes sur la situation économique, mais leur consommation en produits manufacturés augmente modérément (+1,2% sur un an). Néanmoins, le marché automobile ne s’est pas effondré comme ailleurs en Europe. La France, tirant les expériences des opérations de courte durée antérieures, a adopté une politique de primes et de bonus qui se termine progressivement, contrairement à l’Allemagne, à l’Italie, à l’Espagne ou au Royaume-Uni. Ceci a évité l’effondrement du marché français. Certes, le dispositif représente un coût budgétaire et les mesures touchent à leur fin, mais le niveau actuel des immatriculations reste encore au-dessus du niveau moyen qui a prévalu entre 2003 et 2007. L’année 2010 comptera 2,2 millions d’immatriculations de voitures, un retrait d’environ ‑4% sur 2009 qui a été une année–record historique. Toutefois, le risque de tassement de la dépense des ménages peut être écarté à court terme, d’autant plus que des réserves d’épargne existent – le taux d’épargne des ménages s’inscrit au niveau élevé de 16,1% au deuxième trimestre 2010 – et que le recours des ménages à l’endettement est à nouveau croissant, à la faveur de la baisse des taux sur les crédits à l’habitat (3,55% en août 2010 au lieu de 4,14% un an auparavant).


source : Association Auxiliaire de l’Automobile (AAA) pour l’Europe et CCFA pour la France – Indices CVS en moyenne mobile sur trois mois. En bleu : France, en rouge : Zone €uro sans la France

Le besoin de financement des administrations publiques sera de l’ordre de 7,7% du PIB en 2010. Il sera à un niveau record. Le projet de loi de finances présenté pour 2011 par Bercy retient qu’il se réduirait à 6% en 2011 tandis que la dette publique progresserait de 82,9% du PIB en 2010 à 86,2% en 2011. La réduction du déficit public attendue en 2011 impose la fin des mesures de relance et la disparition du surcoût temporaire lié à la réforme de la taxe professionnelle, la maîtrise de la dépense publique, avec notamment la stabilité prévue des dépenses de l’État en valeur ainsi que la réduction de dépenses fiscales et sociales et de nouvelles mesures fiscales qui amélioreraient le déficit d’environ 0,5 point de PIB. Le poids des prélèvements obligatoires progresserait de 1 point à 42,9% après 41,9% en 2010. Il retrouverait son niveau de 2008. Ces objectifs peuvent être atteints. Ils marquent un premier pas vers une incontournable consolidation de la situation des finances publiques.

Le retour du déficit public sur la ligne de 3% du PIB suppose une amélioration du solde de 4,7 points de PIB en trois ans. L’objectif est d’une ampleur inédite. Si les hypothèses de croissance retenues par Bercy (+2,5% par an de 2012 à 2014) n’étaient pas atteintes, l’effort additionnel de maîtrise des dépenses publiques qui sera nécessaire devra porter en priorité sur la réduction des charges.

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