FRANCE : Une compétitivité compromise

Par | 22 mars 2011

Le taux de croissance de l’économie française est estimé à +1,5% en 2010, après -2,6% en 2009 et +0,1% en 2008. A titre de comparaison, le taux de croissance de la zone €uro serait de +1,7% avec une très forte dispersion entre quelques pays « périphériques » encore en récession et l’Allemagne qui fait figure d’exception. L’amélioration de l’activité au dernier trimestre 2010, suggérée par la bonne tenue des enquêtes de conjoncture, ne s’est pas traduite par une franche accélération de l’expansion, car plusieurs phénomènes (grèves du mois d’octobre, aléa climatique) ont pesé sur la croissance, mais la conjoncture française a commencé l’année à un rythme soutenu. L’indice du climat des affaires est stable à 106, au-dessus de sa moyenne de longue période.

Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

Dans l’industrie manufacturière, les perspectives personnelles de production des chefs d’entreprise, bien qu’en léger repli, se maintiennent à un niveau relativement élevé. La production industrielle a augmenté de +1% en janvier et la seule production manufacturière de +1,8%, mais l’indice reste encore inférieur de -9,8% à son plus haut point d’il y a trois ans. Le redémarrage de l’industrie a permis de réduire nettement les destructions nettes d’emplois l’an dernier dans ce secteur.

Les exportations françaises, qui représentaient 55% des exportations allemandes en 2000, sont tombées à 40% en 2010. Les statistiques les plus récentes révèlent que les niveaux des coûts horaires entre la France et l’Allemagne sont désormais très proches dans l’industrie (ils étaient inférieurs de –15,7% il y a dix ans), mais plus élevés de plus de +11% en France dans l’ensemble de l’économie alors qu’ils se situaient à -7,3% en deçà des coûts allemands en 2000. Par ailleurs, la hausse des cours du pétrole a affecté en janvier la balance commerciale qui affiche son plus important déficit depuis deux ans et demi (-5,89 milliards d’euros). En rythme annuel, il ressort à plus de 70 milliards d’euros, ce qui s’explique par le renchérissement de la facture énergétique. Les exportations demeurent à la fois un sujet d’espoir et d’inquiétude. Espoir car à l’évidence les débouchés dans les économies émergentes continueront à se développer fortement. Inquiétude parce que les performances françaises ne sont pas à la hauteur de la demande qui lui est potentiellement adressée.

La progression de l’activité tient surtout à la hausse des dépenses de consommation des ménages. En moyenne sur l’année 2010, la consommation totale a progressé de +1,6%. Si en janvier, les achats en produits manufacturés se sont tassés, la moyenne mobile sur trois mois progresse et est au plus haut. En février, les immatriculations de voitures ont rebondi à 2,6 millions en rythme annuel. L’augmentation de la dépense des ménages a probablement été favorisée par une réduction du taux d’épargne qui pourrait se situer autour de 16% du revenu disponible brut en 2010, un taux comparable à celui de 2009. La masse des salaires et traitements bruts versés aux ménages n’a progressé que de +1% l’an au dernier trimestre 2010. En lien avec la remontée de l’indice des prix à la consommation, le revenu disponible brut des ménages a probablement reculé en fin d’année.

Source : Insee – en bleu : industrie – en rouge : bâtiment – en vert : services – en noir : commerce de détail.

Les ménages ont repris leurs investissements en  logement (+2,5% l’an au quatrième trimestre après +4,5% l’an au trimestre précédent) comme le suggérait l’évolution de la demande de crédit habitat (+8% en janvier en rythme annuel). En janvier, le rythme annualisé des mises en chantier de logements est passé à plus de 440.000. Les permis de construire ont également augmenté, ressortant à plus de 490.000 par an.

Selon le projet de loi de finances, le déficit des administrations publiques reviendrait à 6% du PIB en 2011 après 7,7% l’an dernier, grâce à une moindre progression des dépenses, à la disparition de mesures de surcoûts temporaires et à la baisse des niches fiscales et sociales. L’ampleur de cette réduction (-1,7 point) est comparable à celle attendue par les grandes institutions internationales dans leurs dernières prévisions économiques. Pour 2012, le gouvernement français anticipe un déficit de 4,6%, en regard de 4,9% pour le FMI et 5,8% pour la Commission européenne.

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