FRANCE : A l’arrêt

Par | 25 octobre 2012

Le lent redressement de l’Indicateur Avancé (d’ici six à huit mois) de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel (et conçu par Industries & Services-Iéseg) qui s’opère depuis le début de l’année ne doit pas abuser l’observateur. Son évolution récente repose principalement sur les dispositifs annoncés par la BCE et tout particulièrement les signaux des marchés financiers. Les signaux provenant de la sphère "réelle" n’ont, en revanche, jamais été aussi préoccupants.

La légère amélioration de l’activité industrielle, observée depuis deux mois, est loin d’effacer l’effritement régulier entamé depuis l’été 2011. La production de l’ensemble de l’industrie ne dépasse pas son niveau du premier trimestre 2010. La contraction de la production s’est étendue à la plupart des branches et aucune anticipation de redressement ne se dessine à court terme.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel.

En août, le déficit commercial continue de ressortir au niveau élevé de 64 milliards d’€uros l’an. Les exportations françaises restent le principal moteur de l’activité industrielle, mais leur part par rapport aux exportations totales des 41 principaux pays exportateurs dans le monde s’est repliée à environ 3,9% contre 4,1% en 2011 alors que celle des exportations allemandes est passée à 9,8% contre 10,2% en 2011.

Les entrepreneurs anticipent une baisse de leurs investissements au second semestre 2012. Le taux d’utilisation des capacités de production a poursuivi son mouvement de recul entamé au deuxième trimestre 2011. Les incertitudes autour de la crise de la dette souveraine des pays d’Europe du sud continuent de peser sur la confiance des industriels.

Le regain récent de l’€uro ne constitue pas une nouvelle positive pour la compétitivité des produits français ou européens. La France se classe deuxième au niveau du coût horaire de la main d’œuvre de l’industrie manufacturière à 36,8 €uros au deuxième trimestre 2012, juste devant l’Allemagne (36,2 euros), loin derrière la Belgique (42 euros). L’écart entre la France et la moyenne de la zone €uro est de 21,4%, celui avec l’Allemagne est de 1,6%.


Source : COE-Rexecode.

L’affaiblissement de l’activité pèse sur l’emploi industriel. Selon les estimations de l’INSEE, le recul des effectifs employés est de 21.700 postes depuis le troisième trimestre 2011. Parallèlement, l’emploi intérimaire dans l’industrie a chuté de 20% l’an au deuxième trimestre, perdant 13.500 postes par rapport au premier trimestre 2012 et 37.200 depuis l’automne 2011. Pour l’ensemble de l’économie, le nombre de demandeurs d’emploi a franchi la barre des 3 millions.

Les dépenses de consommation des ménages en biens manufacturés, exprimées en volume, se sont réorientées à la baisse depuis le point haut observé en fin d’année 2011. Le marché automobile, avec 1,9 million l’an d’immatriculations, a de nouveau baissé en septembre, retrouvant ses niveaux bas de l’automne 2008.

La hausse des prélèvements sur les ménages va entraîner une baisse du pouvoir d’achat de -0,5% en 2012 et de -0,8% en 2013. La diminution de l’inflation, qui s’établit à +1,9% en glissement annuel en septembre, restera limitée du fait du prix élevé de l’énergie. Les mesures votées pour 2012 en loi de finances initiale et en loi de finances rectificative induisent des hausses de prélèvements de l’ordre de 1 point de revenu des ménages sur l’année. Environ la moitié de ces mesures, notamment celles relatives aux impôts sur le revenu et sur la fortune, affecterait le revenu des ménages au second semestre.

Les choix budgétaires et fiscaux faits par la France risquent de pénaliser durablement l’investissement et la croissance. Les mesures nouvelles de hausse de prélèvements obligatoires concernant les revenus du capital affecteraient en grande partie des revenus qui sont en général épargnés à court terme. Le taux d’épargne des ménages pourrait reculer à 15,3% en 2013, après 16% en 2012. Avec une prévision du PIB attendue par l’Insee de +0,2% et de +0,1% par le FMI en 2012, le pari du gouvernement d’une croissance de +0,8% en 2013 est peu probable, d’autant que la France ne peut espérer une aide économique de la part de la zone €uro.

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