La zone €uro éprouve de grandes difficultés à s’extirper de la rechute de l’activité amorcée pendant les derniers mois de 2011. Depuis lors, le PIB ne cesse de s’effriter. Cette mini-récession est d’autant plus pernicieuse qu’elle intervient alors que celle de 2008-2009 n’avait pas été effacée. Au printemps 2009, la baisse du PIB par rapport au point haut du premier trimestre 2008 ressortait à -4,5%. L’écart est revenu à -2% à l’été 2011 avant de retomber à -2,5%. Ce scénario est délétère pour le taux de chômage, déjà remonté de 7,5% de la population active début 2008 à 10% en 2010. Il atteint désormais 11,7%.
Source : Eurostat.
Les perspectives à court terme restent moroses. En effet les enquêtes font seulement apparaître un arrêt de la dégradation du moral des Européens. L’indice du sentiment économique, calculé par la Commission européenne, qui synthétise les réponses des chefs d’entreprise et des ménages, n’a cessé de se dégrader jusqu’en septembre-octobre. Il s’est alors inscrit à 86 en regard d’une moyenne de long terme de 100. Il s’est redressé à 88,1 en novembre. Les indices des directeurs d’achat fournissent le même message de légère amélioration, qui demande confirmation.
L’analyse de la conjoncture de la zone €uro reste évidemment très malaisée en raison de l’hétérogénéité des performances nationales. L’économie la plus importante, l’Allemagne, est affectée par la rechute de l’activité chez ses partenaires, mais a réussi jusqu’à présent à préserver une légère croissance, tandis que sa gestion sérieuse des finances publiques lui permet d’obtenir un équilibre en 2012 et d’envisager un excédent de l’ordre de 0,5% du PIB en 2013.
La progression du PIB est ressortie à +0,2% durant l’été, en léger ralentissement en regard des +0,5% et +0,3% enregistrés aux premier et deuxième trimestres. Les incertitudes pesant sur la conjoncture européenne se sont traduites par un nouveau recul des investissements en biens d’équipement (-2%, après -4%) et un léger mouvement de déstockage. Le soutien à la demande intérieure est venu de la consommation des ménages (+0,3%) et des investissements en construction (+1,5%). Le commerce extérieur a lui aussi contribué à la croissance, les exportations progressant plus fortement que les importations.
Source : Institut für Wirtschaftsforschung.
Les premières informations sur la fin d’année sont décevantes. Ainsi, la production manufacturière a reculé de -2,4% en octobre après -2,1% en septembre. Les conséquences de ce ralentissement sur le marché du travail restent modestes. L’emploi s’est stabilisé à un peu plus de 41,5 millions de personnes depuis quelques mois, et bien que le nombre de demandeurs d’emploi soit reparti à la hausse, le taux de chômage demeure à un plus bas historique (5,4%). Le chômage partiel s’inscrit à 58.000 en septembre. Il se réorienterait nettement à la hausse fin 2012-début 2013, en raison de la réactivation annoncée du dispositif par les entreprises. Ces évolutions ont conduit la Bundesbank à réviser sensiblement à la baisse ses prévisions de croissance. Les dernières enquêtes suggèrent toutefois que le passage à vide serait bientôt surmonté. Ainsi, le climat des affaires s’est redressé en novembre après six mois de recul, grâce à la hausse des perspectives à six mois.
En Espagne, le PIB a diminué de -0,3% pendant l’été, mouvement qui se poursuivra en fin d’année selon la Banque centrale en raison du relèvement de la TVA intervenu en septembre. La consommation continue en effet de se contracter, de sorte que les ventes au détail se sont effondrées d’environ -27% depuis la fin 2008, tandis que le marché immobilier ne montre aucun signe de redémarrage. En revanche, la progression des exportations est l’une des rares bonnes nouvelles. Elle permet de réduire le déficit commercial à 2,5 milliards d’€uros par mois, le plus faible enregistré depuis la fin 1998. À l’image de l’Espagne, l’Italie affiche une demande interne déprimée, alors que les comptes extérieurs sont devenus excédentaires au printemps pour la première fois depuis 2004.