FRANCE : Croissance nulle en 2012 et en 2013

Par | 28 février 2013

En France, la croissance du PIB en volume s’est repliée de -0,3% au quatrième trimestre 2012, -1,1% en rythme annuel, après +0,6% l’an au troisième trimestre 2012. En moyenne annuelle, la croissance est nulle, après +1,7% en 2011. Cette période de langueur de l’activité tient à son caractère généralisé à la plupart des secteurs d’activité.

L’indice de la production industrielle est resté quasi stable en décembre (-0,1%). En France, la moyenne des trois derniers mois connus est inférieure de -14,2% à son niveau record du début 2008. En Allemagne, le recul est de -5,7%, mais de -24,5% en Italie et de -29,5% en Espagne.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel.

Les raisons d’un retour de l’activité à une phase récessive d’ampleur limitée sont à rechercher dans la baisse des anticipations d’investissement de la part des entreprises, alors qu’à l’inverse en Allemagne, les conditions d’un rebond des investissements productifs paraissent réunies, notamment avec le redressement des échanges mondiaux et les marges élevées des entreprises allemandes.

Le déficit commercial s’est établi à 67,2 milliards d’€uros en 2012, un peu moins que le record historique de l’année 2011 à 74 milliards. Cette légère amélioration s’explique par le ralentissement de l’économie française plutôt que par une amélioration des exportations. Par ailleurs, la France juge la hausse de l’€uro handicapante pour les produits de moyenne gamme, plus sensibles aux variations de prix. Quoi qu’il en soit, la juste valeur de l’€uro ne vaut pas à l’identique pour chacun des dix-sept pays membres dont les économies divergent. La hausse de l’€uro affecte davantage la France que l’Allemagne en raison du recul structurel de sa compétitivité. L’Allemagne, avec un excédent commercial proche des 190 milliards d’€uros, est persuadée que le taux de change n’est pas un facteur-clé de la compétitivité.

Le fléchissement de l’activité dans la plupart des secteurs se retrouve dans les trajectoires sectorielles de l’emploi. Aussi, le nombre de demandeurs d’emploi a franchi le seuil des 3 millions dès août 2012. En l’espace d’un an, la hausse atteint 10%. Le taux de chômage estimé par Eurostat ressort à 10,6% de la population active en décembre 2012, dépassant son niveau de la fin de l’année 2011 à 9,9%.


Source : Ministère du Commerce Extérieur
En bleu : Exportations
En rouge : Importations.
CVS-CJO.
Valeurs en millions d’€uros.

Compte tenu de l’affaiblissement de l’emploi, la masse salariale en termes réels a reculé. Par ailleurs, la hausse continue du chômage limite l’augmentation globale des salaires. Les gains de pouvoir d’achat des salaires sont quasi-inexistants et la hausse des prélèvements fiscaux et sociaux sur les revenus des ménages sera d’environ 14,5 milliards d’€uros en 2013, 1,1 point de leur revenu disponible brut. Malgré une inflation ramenée à +1,2% en un an en janvier, les dépenses de consommation des ménages se contractent, et notamment les achats de produits manufacturés qui ont reculé de -0,6% en 2012.

Les dépenses d’investissement des ménages n’ont augmenté que de +0,6% en 2012. Les mises en chantier de logements se sont stabilisées légèrement au-dessous des 330.000 l’an fin 2012 et les permis continuent de se replier, s’affichant à 415.000 l’an en décembre. Toutefois, l’encours des crédits à l’habitat aux ménages reste en progression à +3% l’an fin décembre malgré un ralentissement.

La Cour des Comptes estime que le déficit public a été proche de 4,5% du PIB en 2012 et la dette publique pourrait dépasser 90% du PIB, ce qui exclut la possibilité d’un déficit limité à 3% en 2013. Ce diagnostic a été confirmé par la Commission Européenne qui n’entrevoit guère qu’un taux de croissance de plus de +0,1% cette année, avant une accélération de +1,2% en 2014, et un déficit d’au moins 3,6% du PIB en fin d’année, lequel pourrait encore se creuser à 3,9% l’an prochain, à politique économique inchangée. Conséquence de la persistance des déficits, la dette publique de la France devrait atteindre 93,4% du PIB cette année et 95,0% l’an prochain. Et le chômage devrait continuer à croître pour atteindre 10,7% de la population active en 2013 et 11% en 2014.

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