En fait, c’est en Europe que les statistiques invitent à plus d’optimisme. Le volume du PIB, qui s’était à peine redressé fin 2009-début 2010, s’est raffermi de +1% au deuxième trimestre dans la zone €uro, soit +4,1% l’an, stimulé surtout par la performance allemande (+2,2% en un trimestre, soit +9,1% en rythme annuel). La France et l’Italie affichent une croissance respectivement de +0,6% et +0,4% (+2,4% et +1,6% l’an respectivement) alors que l’Espagne reste à la traîne (+0,2% – ou +0,8% l’an – après +0,1% au premier trimestre). Seule la Grèce se maintient en récession (-1,5%), les mesures d’austérité bridant la demande finale. Au regard du deuxième trimestre de 2009, la hausse globale ressort à +1,9%.
La performance du deuxième trimestre est en partie aléatoire (rebond de la construction après un hiver rigoureux) mais le retour d’une dynamique européenne est incontestable, les principaux postes en croissance ayant été le commerce international et l’investissement. Les enquêtes menées auprès des chefs d’entreprise européens indiquent en effet que l’activité continue de s’accroître. L’indice du sentiment économique, calculé par la Commission, a encore progressé en août. Les indices des directeurs d’achat restent supérieurs à 55, annonçant donc une expansion significative au cours des prochains mois, mais selon un rythme un peu moins soutenu qu’au printemps. Le retour de l’€uro en dessous de 1,30 $ devrait favoriser cette orientation.
En août, la hausse des prix à la consommation est ressortie à +1,6% sur douze mois. En regard du syndrome de la déflation japonaise, les marchés sont désormais attentifs à l’inflation sous-jacente revenue à +1%. Les craintes de déflation paraissent donc pour l’instant exagérées. La Banque centrale européenne a maintenu le 2 septembre dernier son principal taux directeur au plancher historique de 1% pour le seizième mois d’affilée tout en prolongeant ses mesures d’apport de liquidités aux banques.
En Allemagne, l’économie a affiché une croissance de +2,2% au printemps après +0,5% en début d’année. Cet excellent résultat repose notamment sur la vitalité des investissements en construction, qui avaient souffert de la rigueur de l’hiver : +5,2% au deuxième trimestre, rythme parmi les plus élevés jamais observés. Dans le même temps, les investissements des entreprises en biens d’équipement se sont raffermis de +4,4% comme pendant les trois premiers mois de l’exercice. Le redressement des exportations de biens et services amorcé à la mi-2009 est spectaculaire. Celles-ci ont en effet augmenté de +8,2% au printemps contre une moyenne de +3% par trimestre précédemment. Les statistiques douanières indiquent que les ventes de l’Allemagne ont été vigoureuses vers toutes les zones, notamment en Asie où elles ressortent désormais à 13 milliards d’€uros par mois en regard de 10 milliards jusqu’à la fin 2008.
source : Institut für Wirtschaftsforschung
Les dépenses de consommation des ménages, qui avaient légèrement fléchi fin 2009-début 2010, retrouvent un second souffle. Elles ont en effet progressé de +0,6% au deuxième trimestre, soutenues par l’amélioration du marché du travail. Les enquêtes de conjoncture annoncent que l’activité restera bien orientée au cours des prochains mois. L’indice Ifo qui était passé de 101,9 en juin à 106,2 en juillet, a une nouvelle fois augmenté en août à 106,7 grâce à la poursuite de l’amélioration de la situation courante. La composante des perspectives à six mois fléchit légèrement mais elle demeure proche de son record historique.
Le Royaume-Uni, qui a été fin 2009 l’un des derniers grands pays développés à sortir de récession, a enregistré un fort rebond au deuxième trimestre 2010 (+4,9% en rythme annualisé). Cette croissance provient essentiellement de l’activité dans la construction (+38,5% l’an). Aussi, compte tenu de l’inflexion des indices PMI, du freinage de l’activité dans les services et d’un net durcissement de la politique budgétaire outre-Manche, cette embellie pourrait ne pas se prolonger au second semestre. L’inflation (+3,2% sur un an en août) reste largement au-dessus du niveau de la zone €uro.