FRANCE : Le moral se dégrade

Par | 31 octobre 2011

En France, le niveau du PIB est resté stable au deuxième trimestre 2011 et les perspectives de croissance se sont assombries sur fond d’intensification de la crise de la dette souveraine et de craintes de ralentissement plus marqué de l’activité internationale. L’INSEE prévoit une croissance du PIB de +1,2% l’an au troisième trimestre, puis une stagnation en fin d’année, ce qui conduirait à une variation de +1,7% sur l’ensemble de l’exercice.

Le climat des affaires s’est nettement dégradé en septembre. L’indicateur synthétique est retombé au -dessous de sa moyenne de longue période, un niveau qui, par le passé, avait coïncidé avec des phases de contraction de l’activité industrielle. Or, si la production industrielle a résisté durant l’été (+0,5% en août) et a augmenté de +5,1% en un an, le rebond a faibli sur les trois derniers mois au rythme de +2,6% l’an.

Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

Cette détérioration dans l’industrie, comme dans le commerce de détail ou le commerce de gros, concerne essentiellement l’appréciation du climat général d’activité et non les anticipations personnelles propres à chaque entreprise. L’expérience du passé montre toutefois que, dans le cas de l’industrie, ces dernières s’ajustent souvent avec un bref décalage à l’évolution des perspectives générales. Si le niveau des stocks s’alourdit, les carnets de commandes globaux, comme étrangers, atteignent leur moyenne de longue période.

Le ralentissement du rebond de l’activité industrielle, durant les trois derniers mois, tient en premier lieu à un essoufflement de la consommation des ménages en produits industriels manufacturiers. La consommation en biens est stabilisée, mais depuis avril, le flux d’immatriculations de voitures neuves résiste aux environs de 2,1 millions en rythme annuel. Cette exception française pourrait ne pas se prolonger si la progression du pouvoir d’achat faiblit et si les conditions de crédit étaient durcies. Le taux d’épargne est remonté à 17% du revenu disponible, son niveau le plus élevé depuis le troisième trimestre 2009.

Le ralentissement économique en cours a aussi entamé la confiance des ménages. Le taux de chômage, qui s’est élevé à 9,1% de la population active au deuxième trimestre 2011, pourrait progresser légèrement d’ici la fin de l’année pour atteindre 9,2% au quatrième trimestre.

Les prix à la consommation ont reculé de -0,1% en septembre, mais la hausse s’inscrit à +2,2%, un rythme identique à celui du mois dernier. Concernant l’inflation sous-jacente, l’indice est stable à +1,1% en glissement annuel.


Source : Insee – en bleu : industrie – en rouge : bâtiment – en vert : services – en noir : commerce de détail.

Le repli des indices du climat des affaires est également très marqué dans les services, mais cette dégradation n’a cependant pas conduit les chefs d’entreprise du secteur des services à réviser leurs projets d’investissements et d’embauche.

Le moindre dynamisme des échanges entre les pays européens, ainsi que la dégradation de la compétitivité à l’exportation des entreprises françaises, maintient le déficit commercial au niveau élevé des 60 milliards d’euros l’an, un montant supérieur à celui de 2008 (56 milliards) en dépit d’une progression des exportations en août.

Fin septembre, le gouvernement a présenté son projet de loi de finances 2012 dans un contexte de dégradation des perspectives de croissance, lié à l’effondrement des marchés actions pendant l’été et à la crise de la gouvernance européenne. Il a toutefois confirmé l’objectif d’un déficit des administrations publiques de 4,5% du PIB l’année prochaine et 3% en 2013 après 7,1% en 2010 et 5,7% en 2011. Ce scénario repose pour l’essentiel sur les mesures annoncées le 24 août, c’est-à-dire une hausse attendue des recettes à hauteur de 11 milliards d’euros. Ce recul est insuffisant pour stabiliser le poids de la dette publique qui s’inscrirait au voisinage de 88% du PIB fin 2012. L’effort de redressement français, qui est dans la moyenne européenne, passe en premier lieu par la hausse des prélèvements, la maîtrise des dépenses s’avérant limitée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.