FRANCE : La croissance en peine d’accélération

Par | 22 novembre 2010

En France, l’accélération de la croissance s’est interrompue au troisième trimestre. Le PIB en volume a augmenté de +1,4% en rythme annualisé au troisième trimestre 2010, après +2,7% au trimestre précédent, repassant même au-dessous du rythme tendanciel qu’elle a connu de 2000 à 2008 (+1,6%). L’acquis pour 2010 est de +1,5%. Si la croissance paraît se généraliser, à quelques exceptions près, elle reste en peine d’accélération franche, mais ne rechute pas. La trace de la récession est profonde. Le niveau du PIB reste encore inférieur de ‑1,8% par rapport à son point haut atteint au quatrième trimestre 2008. L’activité n’a fait que se rapprocher de son rythme tendanciel sans avoir connu un véritable rattrapage.

L’économie française a trouvé dans les dépenses des ménages le principal élément de soutien de sa croissance. Les dépenses de consommation progressent de +2,3% du fait de l’orientation favorable des achats de produits manufacturés. Par ailleurs, les dépenses d’investissement en logement des ménages se sont vivement redressées (+4,2% l’an). Si cette progression n’était pas annoncée par les mises en chantier de logements, elle l’est beaucoup plus par le vif rebond de l’encours du crédit à l’habitat (+6,6% sur un an en septembre).

source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

La dépense des ménages a probablement été permise par une réduction de leur effort d’épargne, étant donné que les revenus salariaux ont quasiment stagné au cours du troisième trimestre. La poursuite de la progression des effectifs salariés qui s’est amorcée début 2010 et son extension aux emplois directs au-delà des seuls effectifs intérimaires sera indispensable pour permettre une nouvelle croissance de la dépense des ménages. 44.600 postes ont été créés dans le secteur marchand au troisième trimestre, les deux tiers sont des emplois directs. Si l’augmentation des effectifs dans l’intérim avait expliqué 90% des créations nettes au premier semestre 2010, l’amélioration des anticipations d’évolution des effectifs, que ce soit dans l’industrie ou les services marchands, est de bon augure. En revanche, les opinions des chefs d’entreprise quant à l’évolution de leurs résultats d’exploitation se sont plutôt dégradées au cours des derniers mois, en ligne notamment avec le renchérissement des cours des matières premières. Si ces anticipations étaient confirmées, la dynamique de la dépense des entreprises pourrait en être affectée.

L’investissement des entreprises, qui était reparti à la hausse au second trimestre 2010, après huit trimestres consécutifs de contraction, a augmenté au rythme de +2% l’an au troisième trimestre. Les industriels anticipent une progression de +9% de leurs dépenses d’investissement en valeur en 2011, après un recul de ‑2% en 2010. Cette enquête est fragile dans la mesure où le taux de marge des sociétés financières reste faible, un peu au-dessus de 30%. Par ailleurs, le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière se maintient à un niveau très bas, même s’il est orienté à la hausse.

source : Insee. Industrie en bleu, Construction en rouge, Commerce de détail en vert, Services en noir.

Au vu de carnets de commandes qui se regarnissent, les chefs d’entreprise veulent croire à la reprise. L’indicateur du climat des affaires se retrouve pour la première fois depuis juin 2008 au-dessus de son niveau moyen de longue période. L’impulsion en provenance des mouvements de stocks est à venir. L’activité est cependant freinée par les échanges extérieurs. Le rebond des importations depuis la sortie de récession a dégradé le solde extérieur au cours des derniers mois du fait du recul des prix. Le taux de couverture des seuls échanges de produits industriels s’est à nouveau rapproché de son niveau record à la baisse qu’il avait touché au début des années 1990.

Selon le projet de loi de finances présenté fin septembre, le déficit des administrations publiques devrait revenir de 7,7% du PIB en 2010 à 6% en 2011. Ce mouvement serait permis par une réduction du déficit de l’État de 60 milliards d’€uros, grâce notamment à une stabilisation des dépenses en valeur (hors dette et pensions).

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