FRANCE : Reprise sans rattrapage

Par | 21 février 2011

En France, d’après les premiers résultats, le PIB en volume a augmenté de +0,3% ou +1,4% l’an au quatrième trimestre 2010, au même rythme qu’au trimestre précédent. En moyenne, la croissance française s’est établie en augmentation de +1,5% en 2010, après une contraction de ‑2,5% en 2009.

Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

La croissance, qui se poursuit sans rattrapage, a déçu les attentes. Les mouvements sociaux d’octobre ont pesé sur l’activité. Mais les enquêtes de l’Insee et de la Banque de France sur le climat des affaires dans l’industrie montrent une réelle amélioration. L’indice de confiance a progressé de six points en janvier à 108. Les carnets de commandes se regarnissent et les perspectives personnelles et générales se redressent. La production industrielle a augmenté de +0,3% en décembre et de +5,8% en moyenne en 2010. La seule production manufacturière (hors énergie) affiche une progression identique.

Cependant, ces facteurs positifs ne s’observent pas dans l’évolution des résultats des entreprises françaises, ce qui distingue l’économie française de celle de l’ensemble de la zone €uro. Les profits bruts d’amortissement (épargne brute et dividendes nets) réalisés par les sociétés non financières de la zone €uro sont revenus à leur niveau record de 2007, alors qu’ils lui sont encore inférieurs de ‑12,5% pour les sociétés en France. Le taux d’autofinancement à 60,4% au troisième trimestre 2010 est plus faible qu’en 2007 alors qu’il ressort à 91,3% dans l’ensemble de la zone €uro où il a regagné plus de quinze points par rapport à son niveau antérieur à la récession. Le potentiel d’accélération de l’investissement productif apparaît réduit en France comparativement à la zone €uro. Des éléments d’explication à cette divergence d’évolution des profits sont à rechercher notamment dans un redressement de la masse salariale versée par les sociétés non financières un peu plus rapide en France que dans la zone €uro, d’une part, et dans un moindre recul des frais financiers nets et des impôts liés à la production supportés par les sociétés non financières, d’autre part. Les évolutions des impôts sur les sociétés ont en revanche été similaires.

Le déficit commercial s’est élevé à 51 milliards d’euros en 2010, contre 44 milliards en 2009. Les exportations sont en hausse de +13% et les importations de +14,9%. Mais les industriels semblent avoir pris conscience du manque de compétitivité de l’économie française. Quoi qu’il en soit, les chefs d’entreprise anticipent un rebond marqué des investissements industriels en 2011 (+14% après une baisse de ‑2% en 2010). Les conditions de financement s’améliorent. La progression des crédits à l’investissement se poursuit (+3,5% sur un an en décembre et +5,8% l’an sur les trois derniers mois). Le taux d’intérêt moyen des crédits nouveaux accordés aux sociétés non financières a baissé légèrement en décembre (3,01%, après 3,05%).

Source : Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA)

De leur côté, les Français peinent à retrouver le moral, bien que leur consommation en produits manufacturés ait progressé de +1% en moyenne en 2010 au lieu de +0,8% en 2009. La fin de la prime à la casse a dopé les ventes de voitures en décembre et en janvier, elles sont ressorties à un peu plus de 2,3 millions en rythme annuel, un niveau encore élevé. Mais les ménages sont plus pessimistes sur leur situation financière. Le pouvoir d’achat est plombé par la faible progression des salaires (+1,7% en 2010 pour le salaire mensuel de base).

Malgré la reprise économique, le taux de chômage (9,7% en décembre) reste élevé. En 2010, le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) a progressé de +3% au lieu de +18,7% en 2009 tandis que l’emploi salarié affiche une hausse de +0,7% avec 109.900 emplois créés. Cette augmentation reste dépendante de l’intérim (103.100 emplois).

L’endettement des ménages est au plus bas depuis quinze ans. Le taux de détention est tombé à 49,5%. Ce repli, qui tient essentiellement au moindre usage des crédits à la consommation, va entraîner une baisse des souscriptions de cartes de crédit.

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