FRANCE : Vers une récession de faible ampleur

Par | 23 janvier 2012

En France, la croissance du PIB, en volume, qui a été de +1,2% au troisième trimestre 2011, devrait se contracter légèrement au dernier trimestre. L’acquis de croissance ressort à +1,7% fin septembre. Au cours des derniers mois, le climat des affaires s’est dégradé dans tous les secteurs. Selon les diverses enquêtes, les perspectives personnelles et générales de production se situent à un niveau inférieur à leur moyenne de longue période. Néanmoins, l’activité industrielle résiste. La production manufacturière a augmenté de +1,3% en novembre et de +2,2% en un an, mais le climat reste incertain dans la mesure où elle a reculé de -2,6% l’an durant les trois derniers mois.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

Les exportations françaises, exprimées en valeur, ont rebondi en novembre et les importations ont consolidé le repli des mois précédents. Aussi, le déficit commercial continue de se réduire, ressortant à près de 53 milliards d’€uros en rythme annuel. Les exportations ont bénéficié en premier lieu du dynamisme des livraisons de matériels de transport et en particulier de celles d’Airbus qui ont connu un mois de novembre exceptionnel (2,25 milliards d’euros). En même temps, les ventes de biens intermédiaires se sont redressées après un faux pas en octobre et celles en biens agroalimentaires ont continué de s’envoler. De leur côté, les expéditions de biens d’équipement demeuraient proches de leur pic de l’été dernier. Si la part de marché à l’exportation de l’économie française a reculé depuis plus de dix ans de 5,7% à 3,3%, le rythme de baisse est un peu moins marqué au cours des dernières années. Il est trop tôt pour y voir une inflexion de tendance durable, mais il est probable que les mesures de politique industrielle mises en œuvre depuis quelques années commencent à produire des effets favorables (pôles de compétitivité, crédit d’impôt-recherche, Oséo…). Par ailleurs, le recul de l’€uro, s’il se poursuit, permettra aux entreprises d’afficher des tarifs plus attractifs.

Fin novembre 2011, 2.844.800 personnes étaient sans emploi en France métropolitaine. En un an, la hausse est de +5,2%. Le taux de chômage qui s’est établi à 9,3% de la population active (9,7% y compris Dom) pourrait progresser à 9,6% en 2012 (10% y compris les Dom). Pour autant, si les anticipations d’évolution des effectifs retenues par les chefs d’entreprise du secteur des services, de l’industrie et de la construction se sont repliées depuis l’été, elles restent à des niveaux proches de leur moyenne de long terme. Si cette observation se confirme au cours des prochains mois, seul un recul modéré de l’emploi se manifesterait.

Source : Direction générale des douanes et droits indirects – Millions d’€uros, CVS-CJO – en bleu : exportations FAB – en rouge : importations FAB.

Aussi, la consommation des ménages va dépendre en 2012 d’une part, de l’évolution de l’emploi et d’autre part, des mesures fiscales annoncées à l’automne portant sur les revenus des ménages d’un montant d’environ 8 milliards d’€uros. Par ailleurs, des hausses de prix et de taxes portant sur 4 milliards d’€uros sont prévues. La tendance de la consommation des ménages qui reste orientée à la hausse (+1,2% l’an durant les trois derniers mois à fin novembre) va dépendre de l’arbitrage entre l’épargne et la consommation. Le taux d’épargne reste élevé. Il culmine à plus de 17% du revenu disponible brut, un taux inédit depuis le début des années 1980.

La dette publique a reculé de -3,6 milliards d’euros en un trimestre après avoir gonflé de +46,4 milliards au printemps. Ce mouvement s’explique quasi exclusivement par la diminution de la dette de l’État. Les efforts de maîtrise des finances publiques, en dépit d’une activité atone, devraient permettre d’afficher un déficit budgétaire 2011 meilleur qu’attendu. L’objectif d’un déficit public ramené à 5,7% du PIB, après 7,1% en 2010 est donc probable. Lors de l’actualisation, en décembre dernier, de leurs prévisions économiques pour 2012-2013, COE-Rexecode et le Bipe tablent, pour l’un, sur une croissance de +0,5% cette année et de +1,5% l’an prochain et, pour l’autre, de +0,7% puis +1,1%. Dans les deux scénarios, la récession serait de faible ampleur mais les cibles d’un déficit public à 3% du PIB et d’une dette publique stabilisée en 2013 ne pourraient pas être atteintes. Contrairement à l’agence de notation Fitch, S&P a cependant mis à exécution ses menaces de dégrader la note de la France de AAA à AA+.

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