FRANCE : Au point mort

Par | 24 septembre 2012

En France, le PIB en volume est resté stable au premier semestre 2012, mais une contraction de l’économie est attendue au troisième trimestre, de l’ordre de –0,3/-0,4% l’an. La croissance stagnerait en 2012 et n’augmenterait que de +0,2% en 2013.

La stagnation du PIB reflète la fragilité du moteur interne de la demande, alors que les exportations progressent à peine. Toutefois, le recul des dépenses de consommation des ménages a été compensé par une surprenante et peu pérenne hausse des dépenses d’investissement productif de +2,9% l’an et de +0,8% en un an. Celle-ci n’était pas anticipée par les indicateurs d’enquête auprès des commerçants de gros de biens d’équipement. Les chefs d’entreprise du secteur des services ont revu à la baisse leurs anticipations d’évolution de l’investissement et dans l’industrie manufacturière, la progression est limitée à +5% en 2012 après +12% en 2011. Les exportations françaises continuent de pâtir du repli de la demande dans la zone €uro, notamment en Allemagne et en Espagne du fait du recul des exportations de matériel de transport au premier semestre 2012. Le déficit commercial s’est réduit en juillet sous l’effet d’une baisse des importations, mais il reste élevé à plus de 50 milliards d’€uros l’an.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel.

La dégradation du climat des affaires durant l’été a touché tous les secteurs, et en particulier celui des services. Si le mouvement ne s’est pas prolongé dans l’industrie en août, les opinions des chefs d’entreprise dans ce secteur continuent de s’inscrire à un niveau très déprimé. L’affaissement de la production industrielle amorcée depuis l’été 2011 et qui s’est étendue à la plupart des branches pourrait se prolonger.

Les dépenses de consommation des ménages se sont contractées au rythme de -0,7% l’an au second trimestre, après une faible progression de +0,6% l’an lors du trimestre précédent. Le marché de l’automobile est resté atone durant l’été. Seul le poste des dépenses en produits énergétiques et eau a connu une progression. Sans ce poste, la consommation aurait reculé de -1,2% l’an après -0,5% l’an au premier trimestre. Or, une diminution des dépenses de consommation hors énergie en volume, lors de deux trimestres consécutifs, n’avait pas été observée depuis 1995. Elle intervient sur fond de recul de l’emploi dans les secteurs marchands au cours du deuxième trimestre (-22.400 postes nets) et d’accélération des inscriptions à Pôle Emploi (+41.300 en juillet). Le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) a atteint la barre symbolique de 3 millions, dépassant le nombre de chômeurs en Allemagne (2,9 millions de personnes).


Source : Insee.

Avec une inflation proche de +2% (+2,1% en août en glissement annuel), le pouvoir d’achat du revenu disponible décélérerait en 2012. Toutefois, dans un contexte de baisse générale des taux d’intérêt, la production de crédits à l’habitat a augmenté de nouveau en juillet de +8,4 milliards, après +7,8 milliards d’€uros en juin même si la croissance annuelle des encours de prêts à l’habitat ralentit, ce qui fragilise l’équilibre précaire du marché immobilier. Les entrepreneurs estiment que leur activité reste dégradée sur la période récente. Les mises en chantier reculent. Après 400.000 logements lancés en moyenne par an au cours des trois dernières années, seulement 320.000 seront construits en 2012 puisque que dans l’immobilier neuf, la demande de logements aurait diminué de -14% sur un an au deuxième trimestre 2012.

Les hausses de prélèvements programmées pour 2013, associées à la maîtrise annoncée des dépenses publiques pour laquelle peu d’informations précises sont disponibles, permettraient un recul du poids du déficit public à 4,5% du PIB en 2012. Par contre, le retour sur la ligne de 3% du PIB en 2013 semble plus qu’incertain. Atteindre la cible nécessiterait un effort d’environ 30 milliards d’€uros. Un tel niveau rend obligatoire une augmentation des impôts à assiette large comme la TVA et la CSG, au risque de provoquer une sévère récession. Dans de telles circonstances, l’emploi salarié marchand se contracterait tout au long de 2013 et le taux de chômage ressortirait à 10,5% de la population active fin 2013.

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