EUROPE : La BCE ne peut pas tout faire

Par | 25 octobre 2012

La récession s’accentue au sein de la zone €uro. Tous les indicateurs conjoncturels disponibles suggèrent que la contraction du PIB au troisième trimestre sera supérieure à celle de -0,2% observée au printemps. La projection du FMI d’octobre est de -0,4% pour l’ensemble de l’année qui pourrait être suivie d’un très modeste +0,2% en 2013.

En effet, les enquêtes de conjoncture sont particulièrement décevantes. L‘indice du sentiment économique, qui synthétise le moral des entreprises et des ménages, a de nouveau reculé en septembre, ressortant à 85 contre 86,1 en août et un point haut de 107,5 en février 2011. La dégradation est moins brutale qu’en 2008-2009, mais ramène à un niveau inférieur de -15% à la moyenne de long terme. Rappelons que si ces enquêtes d’opinions ne remplacent pas les mesures quantitatives objectives, elles reflètent les perceptions sur lesquelles les agents économiques (entreprises ou ménages) prennent leurs décisions de produire, d’investir, de consommer ou d’épargner. Le taux de chômage est de 11,4% en août. Avec le renchérissement des prix de l’énergie dont l’impact est encore visible en septembre et le relèvement de la TVA en Espagne, les prix à la consommation ont augmenté de +0,7% en septembre, de +2,6% en un an et de +4,3% l’an durant les trois derniers mois.

Cette dégradation entrave l’assainissement des finances publiques imposé par la défiance des marchés financiers, tandis que les "plans de rigueur" pèsent à leur tour sur la demande et donc sur l’activité. Les nouvelles mesures annoncées par la Banque centrale européenne le 6 septembre ont permis une détente des taux d’emprunt de la plupart des États, mais les difficultés de mise en œuvre des politiques restrictives, notamment en Grèce, en Espagne et au Portugal, ont mis fin ou inversé le mouvement.

En même temps, la gouvernance européenne demeure très erratique. Les débats s’enlisent à la fois sur le sauvetage des banques et sur les modalités de la supervision du secteur bancaire. Ces nouvelles embûches mettent en péril les effets positifs des initiatives, presque unanimement saluées, de la BCE. Comme celle-ci le rappelle souvent, ce sont les gouvernements eux-mêmes, par leurs décisions nationales et celles prises en Conseil européen, qui détiennent la clé de l’avenir de la zone €uro.

En Allemagne, l’activité semble être de plus en plus affectée par le ralentissement économique mondial et les difficultés rencontrées par les partenaires européens. L’évolution du climat des affaires reflète bien ce sentiment, puisqu’il affiche son sixième repli successif en septembre, en s’inscrivant désormais à 101,4 points (-0,9 sur un mois).


Source : Institut für Wirtschaftsforschung.

Cependant, les indicateurs d’activité suggèrent plutôt une résistance de l’économie allemande. En effet, malgré un recul de -0,5% en août la production manufacturière se réoriente à la hausse en moyenne mobile sur trois mois. Elle ressort à un niveau inférieur de -2,1% à son pic de juillet 2011. En outre, la confiance des ménages est au plus haut depuis début 2011. Elle est soutenue par la bonne tenue du marché du travail, avec une stabilisation de l’emploi au plus haut et un taux de chômage qui demeure historiquement bas (5,5% selon Eurostat) malgré une légère remontée du nombre de demandeurs d’emploi ces derniers mois.


Source : Eurostat.

En Italie, la récession se poursuit. Le PIB en volume s’est replié pour le quatrième trimestre consécutif. En stabilisant l’activité au deuxième semestre, le PIB serait en recul de -2,1% en 2012. Tandis que la demande domestique poursuit sa contraction, les exportations nettes demeurent le seul moteur de la croissance. Dans ce contexte déprimé, le gouvernement a assoupli les objectifs budgétaires pour les prochains exercices. Les cibles de déficit public pour 2012 et 2013 ont été ramenées respectivement à 2,6% et 1,6% du PIB. L’équilibre des comptes publics ne serait pas atteint en 2015. Il resterait déficitaire à hauteur de 1,4% du PIB.

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