La France est la seule nation parmi les grands pays européens à avoir enregistré une variation positive de son PIB au quatrième trimestre 2011. La progression au rythme de +0,9% l’an a permis à la croissance française de ressortir à +1,7% en moyenne annuelle en 2011. L’acquis de croissance pour 2012 est de +0,3%. L’année 2011 a été marquée par deux changements majeurs dans les moteurs de croissance.
D’une part, les dépenses en capital fixe (l’investissement) et circulant (les variations de stocks) réalisées par les sociétés non financières qui ont expliqué les trois quarts de la croissance. L’anticipation exprimée en janvier d’une progression de +7% des dépenses d’investissement en valeur dans l’industrie en 2012, le maintien des intentions de commandes des commerçants de gros en biens d’équipement et l’inscription à un niveau proche de sa moyenne de longue période pour les investissements prévus dans le secteur des services suggèrent que l’orientation positive de l’investissement productif pourrait se prolonger en 2012.
Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel
D’autre part, la progression des exportations françaises de biens et services (+5% en 2011) a été comparable à celle de la demande mondiale adressée à la France. Le recul des parts de marché paraît interrompu. Ce basculement des moteurs de croissance est encore à confirmer. Il sera soumis au test de la faible progression de l’activité en Europe, comme en France.
Si la dépense en capital des entreprises a fortement contribué à la croissance, la dépense des ménages (consommation + investissement) en 2011 est parmi les plus faibles qui aient été enregistrées par le passé. Ce poste de dépenses a apporté +0,5 point à la croissance du PIB, 29% de la croissance en 2011 au lieu de 86% au cours de la période 1990-2011. Les ménages ont stabilisé leurs investissements en logement (+0,3% l’an au quatrième trimestre, après 4,7% au troisième) en dépit de l’orientation haussière des mises en chantier. La consommation des ménages a progressé de +0,7% l’an en fin d’année. Elle recule de ‑0,3% en glissement annuel. Ce tassement de la consommation est intervenu alors que la hausse des prix était de +3,8% l’an en décembre 2011. En février, l’inflation a reculé à +2% l’an durant les trois derniers mois. La modération des dépenses en biens manufacturés (-2,4% en un an en janvier) s’est accompagnée d’une hausse marquée de leur effort d’épargne. Sur l’ensemble de l’année 2011, le taux d’épargne est estimé à 16,9%, un taux qui n’avait plus été observé depuis 1982.
Source : Insee – En bleu : Industrie – En rouge : Construction – En vert : Services – En noir : Commerces de détail
Un projet de loi de finances rectificative a été présenté le 8 février, à la suite des réformes annoncées par le président de la République afin de renforcer la compétitivité des entreprises. Il a pris acte de la révision à la baisse des perspectives de croissance à +0,5% en 2012, contre une prévision de +1% précédemment. L’impact de cet ajustement sur les recettes publiques et les dépenses d’indemnisation du chômage est évalué à 5 milliards d’€uros mais serait compensé par l’effet positif, cette année, du moindre déficit observé en 2011 par rapport à l’objectif initial, ainsi que par la mise en œuvre de nouvelles mesures (annulations nettes de crédits budgétaires,…). Dans ce contexte, le déficit des administrations publiques s’afficherait à 4,5% du PIB, conformément aux prévisions contenues dans le projet de budget de septembre 2011.
La Cour des comptes, dans son rapport annuel, met une nouvelle fois l’accent sur la nécessité de contenir les dépenses : "l’effort de redressement doit donc porter principalement à l’avenir sur les dépenses publiques, d’autant plus que, pour 2011 et 2012, il comporte surtout des hausses de prélèvements obligatoires". En effet, le plan d’équilibre des finances publiques de novembre dernier prévoyait que l’effort sur les dépenses dépasse celui sur les recettes seulement en 2016. Or, il faut rappeler que les dépenses publiques représentaient 56,6% du PIB en France en 2010 contre une moyenne de 50,9% en zone €uro. Ce ratio est le plus élevé des dix-sept (exception faite de l’Irlande où il a explosé suite au sauvetage du système bancaire) et dépasse de respectivement 8,7 et 6,3 points ceux enregistrés par l’Allemagne et par l’Italie.