EUROPE : Inquiétudes sur la consommation

Par | 19 avril 2011

En zone €uro, l’activité industrielle a progressé à un rythme régulier, mais modeste pour une phase de reprise. Cela s’explique par la dispersion des résultats nationaux : reprise vigoureuse en Allemagne largement tirée par l’extérieur et dans les pays d’Europe du Nord face à des résultats médiocres en Europe du Sud. Les enquêtes, notamment celles auprès des directeurs d’achat, suggèrent une poursuite de la reprise industrielle et sa diffusion progressive aux activités de services.

Cependant, la hausse des prix des matières premières exerce un prélèvement sur l’économie qui grève la balance commerciale. Par ailleurs, les dépenses des ménages sont peu dynamiques tant du côté des ventes au détail que des immatriculations de voitures particulières. L’emploi est tout juste stabilisé depuis le début de l’année 2010, ce qui est suffisant pour endiguer la hausse du taux de chômage (9,9% en février, contre 10% en janvier).


Source : Eurostat – hors automobiles et carburants

La consolidation des cours du pétrole à un niveau élevé constitue à l’évidence une menace pour la reprise, même si la remontée de l’€uro au-dessus de 1,44 $ en atténue quelque peu les effets. Mais le taux de change de la devise européenne, qui s’éloigne de sa parité d’équilibre envers le dollar (1,15-1,20), handicape les exportateurs au moment où la croissance mondiale risque de connaître une phase de ralentissement.

Enfin, le retour du risque sur les dettes souveraines d’Europe du Sud constitue un danger permanent pour l’Union monétaire, malgré les progrès réguliers de la gouvernance en ce domaine. La crise n’est pas terminée, mais la zone €uro a su répondre aux attaques spéculatives, serrer les rangs pour tenter de les surmonter et mettre en place un mécanisme de soutien aux pays en difficulté.

En Allemagne, le rythme de croissance (+3,5% en 2010) est nettement supérieur à celui de la zone €uro (+1,7%). La croissance devrait se prolonger, mais à un rythme plus modéré à partir du deuxième trimestre. La reprise des exportations tout au long de l’année a permis d’alimenter la reprise de l’investissement, particulièrement en biens d’équipement. Les commandes nouvelles à l’industrie ont augmenté de +2,4% en février.

En Italie, l’économie peine à amorcer une reprise dynamique. Le PIB a progressé de +1,2% en 2010, une performance plus modeste que celle de la France (+1,5%) ou de l’Allemagne (+3,5%). Si les enquêtes de conjoncture suggèrent une amélioration du moral des industriels, les niveaux d’activité stagnent. La consommation privée reste hésitante alors que l’activité est encore trop faible pour créer des emplois. Le taux d’inflation, qui a atteint +2,5% fin mars en rythme annuel, rogne le pouvoir d’achat des ménages.


Source : Gfk

Au Royaume-Uni, le PIB, qui avait affiché de bonnes performances au printemps (+1,1%) et à l’été (+0,7%), a reculé de -0,5% au quatrième trimestre de l’an dernier, notamment en raison des mauvaises conditions climatiques du mois de décembre. L’activité demeure donc inférieure de ‑4,6% à son niveau d’avant-crise. La consommation, légèrement orientée à la baisse depuis le printemps 2010, devrait rester à la peine ces prochains mois du fait de la remontée de la TVA intervenue en début d’année et de l’accélération de l’inflation. Le glissement annuel des prix de détail est ressorti à +4,4% en février en liaison avec la hausse du coût des carburants et de l’alimentation. L’emploi se redresse timidement après avoir chuté de près de 900.000 et la progression sur douze mois des salaires s’inscrit autour de +2%, rythme très inférieur à celui affiché jusqu’au printemps 2008 (plus de +4%). Dans le cadre du plan d’austérité annoncé il y a quelques mois, le gouvernement vient de présenter son budget 2011, prévoyant un déficit sous la barre des 8% du PIB en regard d’un maximum de 11,4% en 2009.

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