FRANCE : Décélération

Par | 20 septembre 2011

En France, le niveau du PIB est resté stable au deuxième trimestre 2011. Après une accélération de l’activité début 2011 (+3,6% l’an), plusieurs éléments transitoires, mais également réversibles, ont contribué à freiner l’activité au printemps : sortie du dispositif de prime à la casse automobile, impact du tsunami japonais, prélèvement associé à la hausse passée des cours des matières premières… L’arrêt de la progression de l’activité au deuxième trimestre ne signifie pas un retour en récession, mais plutôt une croissance modeste. Le gouvernement évalue désormais la croissance à +1,75% en 2011 puis en 2012. Cette révision en baisse prend acte de la dégradation conjoncturelle intervenue ces derniers mois suite au choc inflationniste des matières premières. La correction peut paraître limitée, mais rien pour l’instant ne conduit à envisager un scénario récessif. Le Bipe formule un pronostic comparable tandis que Coe-Rexecode se révèle plus pessimiste pour 2012 (+1,2%) comme pour la zone €uro.

La contraction de la consommation des ménages (-2,7% l’an) due aux divers chocs de prix subis par l’économie pourrait être temporaire. Les immatriculations de voitures particulières ont augmenté en août, à un peu plus de 2,1 millions l’an. Le marché se situe au-dessus de son niveau moyen observé avant la crise. Par ailleurs, le taux d’épargne des ménages reste élevé. Au second trimestre, il pourrait s’inscrire à 16,4% après 15,9% au premier trimestre, soit plus d’un point au–dessus de son niveau moyen observé de 1990 à 2010.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

Le rebond des dépenses d’investissement des ménages en construction a été vif au deuxième trimestre (+5,5% l’an). Sa poursuite est peu probable. Si les autorisations de logements restent bien orientées, les mises en chantier se sont tassées début 2011 et le solde des opinions des promoteurs sur la demande de logements neufs à acheter a fortement fléchi au cours du premier semestre.

De même, les enquêtes de conjoncture dans la plupart des secteurs se tassent. L’indice de la production industrielle n’a toujours pas retrouvé son point haut d’avril 2008.

L’investissement productif s’est modéré à +2,8% l’an au second trimestre, après +7,9% l’an au premier trimestre. Néanmoins, l’orientation positive ne paraît pas être remise en cause, étant donné que les industriels anticipent une progression de +14% des dépenses d’investissement en valeur en 2011 dans le secteur industriel. Des goulots d’étranglement sont apparus dans certains segments d’activité industrielle, alors que certains industriels sont confrontés à des difficultés de demande. Toutefois, l’indice synthétique PMI dans l’industrie comme dans les services est repassé au-dessous de sa moyenne de longue période, situation peu propice à une accélération de la dépense d’investissement.


Source : Fichier central des automobiles – en rouge : données mensuelles désaisonnalisées – en bleu : moyenne mobile sur trois mois.

L’évolution de l’environnement international a également pesé sur l’évolution de l’activité. Les exportations stagnent et les importations ont chuté au rythme de -3,5% l’an. Le déficit commercial consolide son record autour de 75 milliards d’€uros l’an, alors que l’excédent allemand se replie, mais demeure pléthorique à plus de 121 milliards d’€uros l’an.

La situation financière des entreprises reste fragile comme en témoigne leur excédent brut d’exploitation qui, en valeur et au premier trimestre, était encore inférieur de -2,7% à son niveau moyen observé en 2007. Aussi, la remontée récente des entrées à Pôle emploi pour cause de fin de CDD pourrait suggérer qu’une gestion prudente des effectifs se met en place. Le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) qui a augmenté de +1,3% en juillet s’établit à 2.756.500. Les prix à la consommation, qui ont rebondi de +0,5% en août, progressent de +2,2% en un an, mais l’inflation sous–jacente demeure contenue autour de +1% l’an.

L’objectif de réduction du déficit public, qui reviendrait de 7,1% en 2010 à 5,7% du PIB en 2011, ne paraît pas hors d’atteinte en dépit de la décélération de la croissance intervenue au printemps.

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