EUROPE : Une année 2012 qui s’annonce difficile

Par | 28 décembre 2011

Les enquêtes menées au mois de novembre témoignent d’une nouvelle dégradation du climat des affaires dans la zone €uro. Ainsi l’indice du sentiment économique, calculé par la Commission européenne, est ressorti à 93,7 en novembre en regard de 94,8 en octobre et de 108 en février. Ce niveau est nettement supérieur au creux du début 2009 (69,6 en mars), mais mis à part cet épisode exceptionnel il apparaît fort médiocre. Le seul motif d’optimisme est la résistance du moral des industriels, soutenu par les exportations. La prolongation et l’aggravation de la crise financière européenne ont ainsi eu raison de la modeste reprise de l’activité observée jusqu’en août. L’attentisme croissant des ménages et des entreprises a peu à peu pris le pas sur le seul vrai facteur de soutien de l’activité, à savoir le dynamisme des exportations à destination des nations émergentes.


 Source : Eurostat. – en bleu : industrie – en rouge : bâtiment – en noir services – en vert : commerce de détail.

La Commission européenne avait anticipé cette orientation dans ses perspectives économiques semestrielles publiées début novembre. La prévision de croissance pour la zone €uro en 2012 a été sensiblement révisée en baisse par rapport au printemps, revenant de +1,6 à +0,5%. De ce fait, le niveau d’activité ne rejoindra pas avant 2013, année où la croissance est estimée à +1,3%, son pic antérieur observé en 2008. Aucun grand pays n’obtiendrait une expansion supérieure ou égale à +1% l’an prochain.

Dans les pays où les finances publiques sont les plus délabrées, les mesures d’austérité ajoutent leurs effets dépressifs à ceux de l’attentisme et rendent d’autant plus difficile la réalisation des objectifs budgétaires. Ainsi le besoin de financement de la Grèce resterait de l’ordre de 7% du PIB en 2012 et en 2013. À l’opposé, malgré un ralentissement sensible de sa croissance, l’Allemagne réussirait à ramener son déficit à seulement 0,7% du PIB en 2013, performance égalée par la Finlande.

A l’issue du Conseil européen des 8 et 9 décembre, les dirigeants se sont entendus pour signer un accord partagé par 26 des 27 États de l’Union européenne, marquant une étape importante et bousculant le cours de l’histoire. La zone €uro a renforcé à sa politique budgétaire. Une "règle d’or" est imposée : le déficit public devra être limité à 0,5% du PIB et des sanctions seront automatiquement prises envers un État qui dépasserait le plafond de 3% du PIB. Les traités qui régissent l’Union européenne seront modifiés, conciliant pragmatisme et compromis afin de regagner la confiance. La gestion du FESF (le Fonds européen de stabilité financière créé en mai 2010) par la BCE qui renforce considérablement son rôle est un signal fort envoyé aux marchés.

En Allemagne, la progression du PIB a accéléré à +0,5% au troisième trimestre, après +0,3% au printemps. La demande intérieure a été le principal soutien de la croissance. La consommation des ménages a rebondi de +0,8% après le repli du trimestre précédent (-0,6%). L’investissement a été bien orienté, avec une hausse de +0,9%. L’accroissement de l’investissement en biens d’équipement est resté dynamique, à +2,9%, ce qui a compensé le recul de -0,7% de l’investissement en construction. Les variations de stocks ont, quant à elles, pesé à hauteur de -0,4 point sur l’expansion de l’activité. Les exportations ont progressé de +2,5% et les importations de +2,6%.


Source : Institut für Wirtschaftsforschung

Après quatre mois consécutifs de recul, le climat des affaires, mesuré par l’Ifo, s’est légèrement redressé en novembre, à 106,6 (+0,2 point). L’interruption de la dégradation de cet indicateur laisse espérer un ralentissement plus modéré qu’attendu de l’économie dans les prochains mois. Cependant, sur fond de crise européenne, la situation demeure incertaine. En septembre, la production manufacturière recule de -3%, après une baisse de +0,4% en août. Toutefois, les commandes à l’industrie se redressent en octobre, portées principalement par la demande extérieure, leur évolution en moyenne mobile se retournant légèrement à la hausse après plusieurs mois de repli. Autre point positif, les exportations affichent une augmentation de +0,9% en septembre, pour un niveau record de 91,4 milliards d’€uros

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