FRANCE : Risques de récession

Par | 28 décembre 2011

En cette fin d’année, le ralentissement de l’activité est évident et suggère une croissance nulle au quatrième trimestre 2011, voire négative (‑0,2% selon les prévisions de l’Insee à la mi-décembre), mouvement qui se poursuivrait au premier trimestre 2012. Ce n’est qu’à partir d’avril que la croissance redeviendrait positive. L’Insee prévoit un deuxième trimestre en léger redressement, de +0,1%. Sous ces hypothèses, l’acquis de croissance à mi-année serait nul. L’objectif du gouvernement d’atteindre +1% de progression du PIB l’an prochain, qui nécessiterait une croissance de +1,3% lors de chacun des deux derniers trimestres, est, dans le contexte actuel, hors de portée. L’effort d’assainissement budgétaire ne peut que ralentir la croissance, alors que l’ensemble du secteur industriel subit une vive dégradation de la conjoncture depuis l’été dernier et que l’appréciation qualitative de l’activité récente dans les secteurs de services a également vivement reflué au cours des deux derniers mois.


Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel

L’indice de la production industrielle manufacturière a stagné en octobre. Les perspectives générales ainsi que les perspectives personnelles des industriels reculent. Les stocks s’alourdissent et les carnets de commandes globaux et à l’exportation se dégarnissent. L’expansion de l’économie passe par les exportations dont le rythme de progression, qui a atteint +8,7% l’an au cours des trois derniers mois connus en octobre, tend à se modérer. Le déficit commercial devrait être proche de 75 milliards d’€uros en 2011 alors qu’il a été de 51,5 milliards en 2010.

Les risques principaux qui pèsent sur la conjoncture sont ceux de la poursuite à la baisse des anticipations et d’un durcissement des conditions bancaires du financement qui s’observe pour l’heure dans les données d’enquêtes qualitatives, mais pas dans les données de distribution du crédit. La progression des crédits aux sociétés non financières est restée stable en rythme annuel en octobre (+5,5%), mais les recherches de financement paraissent de plus en plus difficiles.

Face à un environnement incertain, la confiance des ménages s’est repliée à 79 en novembre, reflétant la crainte d’une chute de l’emploi. Depuis le début 2011, les effectifs salariés se sont accrus de +136.000 postes dans le secteur marchand. Cette progression s’est quasiment interrompue durant l’été 2011 avec le recul du travail temporaire (-16.000 postes). L’ajustement à la baisse des effectifs pourrait se prolonger du fait de la révision à la baisse des perspectives d’activité des chefs d’entreprise. Les ménages sont inquiets pour leur pouvoir d’achat. L’inflation peine à ralentir. Les prix à la consommation ont augmenté de +0,3% en novembre, de +2,5% en un an et de +3,1% l’an durant les trois derniers mois. La consommation en biens manufacturés s’est accrue de +0,3% en octobre, soutenue par les immatriculations d’automobiles qui restent proches de 2,1 millions en rythme annualisé du fait des efforts commerciaux.


Source : Insee – en bleu : inflation totale – en rouge : inflation sous-jacente.

Le taux d’épargne a bondi à 17% du revenu disponible brut au second trimestre 2011, mais la valeur du patrimoine total des ménages qui est équivalente à 8,4 années de leur revenu disponible brut devrait limiter l’incitation à une augmentation de l’effort d’épargne, à moins d’imaginer une brutale dégradation du marché du travail. Dans le secteur du bâtiment, la dégradation du climat conjoncturel est modérée en dépit des annonces de restrictions budgétaires. Le nombre de permis de construire s’affiche à près de 590.000 l’an et le nombre de logements mis en chantier ressort à près de 400.000 en rythme annuel.

L’effort de maîtrise des comptes publics sera amplifié avec la mise en œuvre de mesures d’un montant de 7 milliards d’€uros en 2012. Le gouvernement exclut aujourd’hui un troisième plan anti déficit. Selon la Commission Européenne, le déficit public français ressortirait à 5,3% du PIB l’année prochaine, soit un écart de +0,8 point avec la prévision gouvernementale. La Commission retient en effet une hypothèse de croissance de +0,6% (contre +1%) et ne prend pas en compte les mesures de redressement du mois de novembre.

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