MONDE : Une économie à trois vitesses

Par | 23 juillet 2012

La croissance des nations émergentes, quoique ralentie, demeure vigoureuse. La reprise américaine reste solide malgré quelques déceptions. L’Europe inquiète à la fois par les nouveaux développements de la crise financière et la dégradation corrélative des perspectives d’activité. La vision d’une économie mondiale à trois vitesses est plus que jamais pertinente. La peur d’une contagion de la crise européenne s’amplifie. En effet, au sein de la zone €uro, l’effondrement de l’activité en Espagne et en Italie commence à se diffuser à leurs principaux fournisseurs, notamment à l’Allemagne. Les États-Unis et les pays émergents craignent à leur tour qu’une aggravation des difficultés économiques et financières de la zone €uro les affecte plus encore. Le renforcement de la solidarité européenne intervenue à l’issue du sommet des 28-29 juin rassure pour l’instant les marchés, mais la prudence reste de rigueur. Le plus important motif d’espoir pour l’activité est la chute sensible des cours du pétrole. La désinflation qui en résultera permettra aux économies développées de maintenir une politique monétaire accommodante et aux pays émergents d’engager une détente des taux d’intérêt, comme vient de le faire la Chine.

Aux États-Unis, la croissance du PIB a été confirmée à +1,9% l’an au premier trimestre 2012, mais la tendance positive, face à la crise européenne, commence à donner des signes de faiblesse. Ce freinage avait été annoncé par le passage à vide des indices des directeurs d’achat pendant les derniers mois de 2011. Ensuite, l’indice du secteur manufacturier s’est redressé jusqu’à 53,5 en mai avant de retomber à 49,7 en juin. Le ralentissement de la croissance en début d’année avait deux origines principales : les dépenses publiques et les investissements des entreprises. Les revenus salariaux stagnent, ne parvenant pas encore à prendre le relais des transferts publics nets d’impôts. Le plafonnement de la consommation des ménages au deuxième trimestre a permis une légère hausse du taux d’épargne. Sur l’année, l’expansion, qui a été revue à la baisse, pourrait être de +2,1% en 2012 et le taux de chômage devrait au mieux atteindre 8% fin décembre, contre 8,2% fin juin.


Source : Coe-Rexecode

Au Japon, la balance commerciale est déficitaire depuis le printemps 2011, en raison de l’envolée des importations d’énergie suite à la catastrophe de Fukushima. De leur côté, les exportations peinent à se redresser durablement, s’inscrivant au même niveau qu’il y a quinze mois. En revanche, la consommation des ménages demeure bien orientée. Ainsi les immatriculations automobiles atteignent un sommet de 5,4 millions de véhicules en rythme annuel au mois de mai. Toutefois, les moteurs externes et internes de la croissance demeurent fragiles malgré les efforts de reconstruction. La production industrielle a chuté de -3,2% en mai et l’emploi a de nouveau baissé. En outre, l’activité à l’exportation reste menacée par la crise européenne et l’appréciation du yen.

En Asie émergente, la croissance décélère dans toutes les économies. En Chine, le marché immobilier se retourne et la progression des ventes de détail est un peu moins spectaculaire. Pour le moment, les exportations font preuve de résistance grâce à la bonne tenue de la demande de toutes les grandes zones. En Inde, l’activité industrielle plafonne depuis le printemps 2011, alors que les pressions inflationnistes se ravivent. La hausse des prix de détail dépasse en effet +10% l’an, conséquence de l’envolée des tarifs de l’énergie.

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